
L’annonce a fait l’effet d’une bombe mardi 25 novembre. En difficulté, Auchan a annoncé vouloir passer sous franchise près de 300 de ses supermarchés (294 précisément). Le groupe nordiste ne les cède pas, mais veut les exploiter sous bannière Intermarché ou Netto. Les autorités de la concurrence compétentes doivent encore valider l’opération, mais de nombreux magasins devraient donc vendre les produits Intermarché. Un changement qui inquiète au plus haut point les syndicats, d’autant que ces supermarchés affichent un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros, en hausse de 0,6% en 2024, selon LSA.
«Tous ne sont pourtant pas déficitaires», tonne auprès de nos confrères le délégué syndical CFTC Bruno Delaye. Il attaque : «Décocher le wagon des supermarchés signe l’échec de la relance initiée depuis 2016.» Du côté de Force Ouvrière, le ton est beaucoup plus véhément. Rappelant qu’un an en arrière le patron d’Auchan leur avait assuré que «80 à 100 supermarchés ne seraient jamais franchisables, car c’était des coffres-forts», le délégué Franck Martinaud déplore que l’on «vende les bijoux de famille». Selon lui, «un tiers du parc est rentable», raison pour laquelle il parle de «séisme».
Vers la suppression de 20% de salariés ?
Le délégué FO redoute une augmentation des coûts dans des villes où il existe des hypermarchés et supermarchés. Il se demande si le «schéma logistique qui permet aux entrepôts de livrer plusieurs formats» sera maintenu. Cet «aveu d’échec», que tance aussi Bruno Delaye, pose la question des 2 600 salariés travaillant dans les entrepôts, dont une trentaine sont prestés, souligne LSA. Plus globalement, la CGT s’inquiète du sort qui sera réservé aux 11 400 salariés du groupe. Si, comme le veut la loi, ceux des supermarchés concernés par la franchise vont «rester sous la convention Auchan», quinze mois, qu’adviendra-t-il après, interroge Gérald Villeroy de la CGT.
Selon le projet présenté par le patron d’Auchan, Guillaume Darrasse, le distributeur nordiste va devenir le master-franchisé d’Intermarché. Les directeurs resteront ceux d’Auchan, mais vendront des produits Intermarché. Ce dernier recevra ainsi une redevance. «Devenir le franchisé d’un concurrent, voilà une drôle d’idée», raille Bruno Delaye de la CFTC. Il met en garde contre la suppression de 20% de salariés, 20% de magasins et donc «20% de volume d’affaires en moins».
La seule bonne nouvelle sera sans doute pour les consommateurs. Ce passage sous franchise Intermarché ou Netto devrait faire baisser le prix moyen du panier de courses, en moyenne entre 6% et 8%. La dynamique du troisième distributeur français, ses marques de distributeur et ses tarifs globaux compétitifs devraient être appréciés des Français !


















