
Une victoire «historique». Dimanche 8 décembre, le chef des rebelles syriens, Abou Mohammed al-Joulani, a pris la parole depuis la grande mosquée des Omeyyades à Damas après avoir proclamé «la ville de Damas libre». Le leader du groupe armé Hayat Tahrir al-Sham (HTS), une ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie, a déclaré avoir «purifié» le pays. Le chef des rebelles islamistes a fait son entrée dans la capitale syrienne, Damas, dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre, marquant un tournant dans l’histoire du pays.
Le président Bachar al-Assad et sa famille ont fui le territoire. Celui qui a dirigé d’une main de fer la Syrie pendant 24 ans, se trouve désormais à Moscou, selon les agences de presse russes. Après 14 ans de guerre civile, «enfin, le régime d’Assad est tombé», a déclaré le président américain, Joe Biden. Il a affirmé que Bachar al-Assad devrait «rendre des comptes» pour les «centaines de milliers de Syriens innocents» qui ont été «maltraités, torturés, et tués», tout en précisant que «certains des groupes rebelles» qui ont fait tomber le dirigeant syrien avaient des «antécédents de terrorisme».
Les rebelles ont imposé un couvre-feu jusqu’au lundi 9 décembre à 5 heures. Une partie du palais présidentiel a été incendiée. La foule a pénétré dans la résidence de la famille Assad, laquelle a été pillée après sa prise par les rebelles. Partout, les statues de Hafez al-Assad, le père de Bachar al-Assad, qui a dirigé la Syrie de 1971 à 2000, ont été renversées. La famille Assad, au pouvoir depuis plus de 50 ans, voit son règne prendre fin. Retour sur les 14 dernières années marquées par la guerre en Syrie.
15 mars 2011
Alors que le «Printemps arabe» prend progressivement forme dans la région, notamment en Tunisie et en Egypte, le 15 mars 2011 marque un tournant en Syrie. Des habitants de Deraa, une ville située au sud du pays, descendent dans la rue pour protester. Leur mobilisation fait suite à l’arrestation et à la torture d’une quinzaine d’adolescents accusés d’avoir tagué des messages hostiles au régime de Bachar al-Assad. Celui-ci est au pouvoir depuis le 17 juillet 2000, à la suite de la mort de son père. Rapidement, le mouvement de contestation s’étend à travers le pays, avant d’être brutalement réprimé par les forces de l’ordre. La colère monte. Le pouvoir répond en engageant une guerre contre des rebelles qu'il qualifie de «terroristes manipulés» par des puissances étrangères.
Peu à peu, l’opposition se militarise face à la répression du régime de Bachar el-Assad. Des soldats et officiers se désolidarisent de l’armée et se regroupent au sein de l’Armée syrienne libre (ASL). La révolte populaire se transforme en guerre civile. En 2012, des armes lourdes, parmi lesquelles des avions bombardiers, entrent en action. Au cours de l’été, les rebelles s’emparent de plusieurs quartiers d’Alep, deuxième ville du pays.
Par ailleurs, la répression se concentre davantage dans les zones majoritairement sunnites, tandis que les régions habitées par les Alaouites — une branche de l’islam chiite à laquelle appartient la famille Assad et qui représente environ 10% de la population syrienne — restent davantage favorables au régime. Le conflit s’imprègne alors d’une dimension religieuse. En 2013, le puissant groupe paramilitaire islamiste chiite libanais Hezbollah reconnaît officiellement l'engagement de ses troupes aux côtés de l’armée syrienne, tandis que l'Iran chiite devient le principal allié régional.
21 août 2013
Près de 1 500 civils sont tués à Damas après un bombardement au gaz sarin, le 21 août 2013. Les rebelles accusent le pouvoir en place d’en être à l'origine ce qu’il nie. Le président américain de l’époque, Barack Obama, avait fixé une «ligne rouge» : l’utilisation de ce type d’arme entraînerait une intervention américaine sur le sol syrien. Finalement, et alors que la France et le Royaume-Uni défendent le même point de vue, les États-Unis optent plutôt pour une négociation avec la Russie afin de démanteler l’arsenal chimique du régime syrien. Malgré cet accord, des allégations d'utilisation d'armes chimiques en Syrie ont persisté dans les années suivantes.
30 septembre 2015
La Russie, fidèle alliée du régime, déclenche le 30 septembre 2015 une intense campagne militaire pour venir en aide à l'armée syrienne au bord de l'effondrement. L'intervention de Moscou va permettre au régime de remporter des victoires stratégiques face aux rebelles et aux djihadistes. Le pouvoir en place reprend le contrôle de deux tiers du territoire, notamment avec la reprise totale d’Alep en décembre 2016.
23 mars 2019
L’Etat islamique (EI) perd la ville de Raqqa le 17 octobre 2017 après l’avoir conquis en 2014. Elle avait été décrétée capitale syrienne du «Califat» proclamé par l’EI. Le 23 mars 2019, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de milices kurdes et arabes, reprennent la région de Baghouz, le dernier territoire détenu par l’EI. Ces événements ont été des étapes cruciales dans la lutte contre l'Etat islamique, réduisant considérablement sa capacité à contrôler des territoires et à exercer une influence en Syrie.
26 mai 2021
Le 26 mai 2021, Bachar al-Assad est réélu sans surprise pour un quatrième mandat, avec 95,1% des voix. Le taux de participation est de 75,64% selon le président du Parlement syrien. Il s’agit de la seconde élection présidentielle depuis le début en 2011 de la guerre civile. En parallèle, la Syrie est depuis 2020 la cible de sanctions internationales. La loi César, adoptée par le congrès américain au cours de la présidence de Donald Trump, interdit quasiment l’ensemble des transactions financières et économiques avec la Syrie, dans le but d’isoler le régime et de le sanctionner pour ses exactions.
19 mai 2023
Après de forts tremblements de terre dans la région, les voisins de la Syrie renouent avec le dirigeant du pays. Quelques jours après la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe, Bachar al-Assad participe le 19 mai 2023 à son premier sommet de cette instance depuis plus d'une décennie. Il signe ainsi son retour sur la scène diplomatique arabe dont il avait été écarté en 2011 après la répression du soulèvement populaire.
15 novembre 2023
Le 15 novembre 2023, la justice française émet un mandat d'arrêt international à l'encontre de Bachar al-Assad, soupçonné de complicité de crimes contre l'humanité pour des attaques chimiques perpétrées en 2013 en Syrie. Le lendemain, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, ordonne à la Syrie de mettre un terme à la torture et aux traitements cruels et dégradants.


















