Mais qu’allait donc faire Bayer dans cette galère ? Lorsque le leader européen de l’agrochimie annonce, en 2017, qu’il va racheter Monsanto, le monde économique est frappé de stupeur. Le géant américain de l’agrochimie, producteur du fameux herbicide au glyphosate Roundup, concentre alors toutes les attaques contre les pesticides, au point d’incarner à lui seul les dérives d’un cynisme capitaliste prêt à sacrifier la santé des populations et des agriculteurs au nom du profit. Bayer brave alors le risque d’hériter de cette étiquette, mais aussi de tous les litiges liés à l’utilisation de cet herbicide aux Etats-Unis, où quelque 90.000 plaintes ont été déposées.

Trois ans plus tard, le groupe allemand traîne toujours ce boulet, au moins en termes financiers : le coût total estimé des procédures en cours et des accords déjà passés dépasse le chiffre d’affaires de sa division Crop Science de 2020, soit 19 milliards d'euros. Mais, même s’il reconnaît que cette acquisition s’est révélée "plus compliquée que prévu", Benoît Rabilloud, patron de cette division pour l’Europe de l’Ouest, soutient que c’était pour Bayer la seule stratégie pour s’adapter aux nouvelles demandes sociétales et que celle-ci a permis au groupe d’accélérer le développement d’offres alternatives aux produits phytosanitaires. Explications.

Pharmacie, agrochimie… Que représente aujourd'hui Bayer ?

Benoît Rabilloud : Dans le secteur des sciences de la vie, le groupe a toujours eu une stratégie de diversification, contrairement à la plupart de ses concurrents, qui se sont spécialisés soit dans la pharmacie, soit dans l’agrochimie. Bayer est aujourd'hui présent dans deux grandes activités : la santé et l’agriculture, via sa division Crop Science. La chimie et les matériaux plastiques, qui représentaient une troisième branche, ont été désinvesties et placées en Bourse depuis plusieurs années.

Pourquoi cette diversité?

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