En 1993, Luc Besson cherche un lieu désaffecté pour tourner une scène de Léon. Il jette son dévolu sur une ancienne centrale électrique à Saint-Denis. Un bâtiment spectaculaire datant des années 1930, avec une nef coiffée de verre dans un style Art déco. Le réalisateur tombe amoureux du lieu, et décide plus tard d’y installer sa Cité du cinéma, vaste complexe regroupant 23.000 mètres carrés de bureaux, 10.000 mètres carrés de plateaux de tournage, où seront notamment tournés Lucy, Valérian et la cité des mille planètes, Taken 5 ou plus récemment Notre-Dame brûle.

Le réalisateur du Grand Bleu y a aussi installé une école de cinéma, gratuite, destinée à offrir "une voie alternative" à des jeunes de 18 à 25 ans, sans diplôme – comme lui à ses débuts – mais non sans talent. C’est ainsi que, depuis l’ouverture, 420 élèves ont pu se former à l’art du scénario ou de la réalisation. "98% des diplômés ont eu accès à un travail dans le milieu audiovisuel dans l’année de leur sortie", se félicite d’ailleurs l’école.

Hélas, l’établissement a discrètement fermé ses portes l’an dernier. Les derniers élèves, recrutés par concours en 2019, ont reçu leur diplôme mi-2021. Covid oblige, le concours d’entrée de juin 2020 a été annulé, et il n’y en a plus eu d’autres depuis. La pandémie n’a certes pas aidé, mais c’est avant tout par manque de financement que l’aventure a pris fin. Pourquoi les crédits se sont-ils taris? L’explication n’est pas très claire, chacune des parties prenantes se renvoyant la balle.

Pour mieux comprendre, il faut remonter à 2008. Luc Besson se demande comment financer sa Cité du cinéma. Le projet est coûteux: 170 millions d’euros. Finalement, la Caisse des dépôts accepte de financer le projet. Bpifrance exige toutefois que Luc Besson loue l’essentiel des locaux sur douze ans, et qu’il donne sa caution financière personnelle. Autrement dit, le réalisateur et producteur devra payer de sa poche les locaux restant vides… Il cherche alors à remplir au maximum les bureaux, en faisant venir l’ENS Louis-Lumière, ou ses amis comme Jamel Debbouze qui installe ses bureaux à la Cité du cinéma (il repartira en 2017). Mais il trouve aussi l’idée de l’Ecole de la Cité, qui permet de remplir 1.000 mètres carrés.

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