Ah, le fameux devoir d’exemplarité du dirigeant… Le 9 mars dernier, il sem­blerait que Nasser al-­Khelaïfi, le patron du PSG, ait un peu oublié ce principe de base de management. La scène se passe vers 23 heures, dans la capitale espagnole : après une défaite abracadabrantesque du club parisien face au Real Madrid, le boss, d’habitude tout en retenue et en courtoisie, aurait tout bonnement «pété les plombs».

Flanqué de son directeur sportif, le brésilien Leonardo, notre homme s’est rué dans les coursives du stade où il aurait vertement apostrophé les arbitres et menacé un salarié du Real qui filmait la scène. A peu près tout ce que ses équipes doivent s’interdire. Le clan parisien assure que l’affaire a été montée en épingle par les médias locaux ? Toujours est-il que la commission de discipline de l’UEFA, l’autorité sportive qui gère le foot européen, a lancé une enquête sur ce regrettable épisode.

Voilà un patron qui, dans bien des entreprises normales, aurait sûrement été démis de ses fonctions depuis longtemps. Il y a maintenant onze ans que Qatar Sport Investments (QSI), contrôlé par le fonds souverain de l’Etat gazier, a acheté le PSG et installé Nasser al-Khelaïfi à sa tête. Une place en or. Aux commandes d’une société prestigieuse, donc attractive, le manager dispose d’un budget colossal pour faire tourner son équipe. Depuis son arrivée, il a pu débourser 1,4 milliard d’euros rien qu’en transferts, ces achats de talents aux concurrents. Sans broncher, son actionnaire le laisse aussi verser aux joueurs un salaire moyen de 900 000 euros par mois (par mois !) : 21 des 25 footballeurs les mieux payés de France sont au PSG. Bref, le taulier jouit de moyens quasi illimités pour recruter les meilleurs, les fidéliser, les galvaniser… le rêve de tout patron.

Et pourtant, les résultats ne sont pas là. Année après année, le club échoue en Ligue des champions, incapable de rapporter la coupe européenne imprudemment promise par Nasser à ses débuts. La faute aux aléas du sport ? Le problème est plus profond, comme l’illustre la dernière défaite. Ce 9 mars, les Parisiens n’ont pas perdu face à un Real Madrid trop fort : en cette maudite soirée, ils dominaient leur sujet et se sont soudainement effondrés. En quelques minutes, désunis, ils ont laissé échapper d’une façon invraisemblable la qualification. Comme en 2017 face à Barcelone, comme en 2019 face à Manchester United.

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