
Comment adoucir une hausse de tarif ? En l'intégrant à une baisse plus importante. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a annoncé ce 12 décembre que l’augmentation du tarif d'utilisation du réseau public de l’électricité (Turpe) pour la période allant de 2025 à 2028 serait appliquée au 1er février prochain, et non pas au 1er août comme le prévoit le calendrier habituel. Le régulateur avait lancé le 17 octobre une consultation publique dans laquelle il avait «explicitement envisagé» cette dérogation «exceptionnelle».
Pour rappel, tous les 4 ans, la CRE établit le Turpe pour permettre aux gestionnaires du réseau - Enedis et RTE - de transporter et distribuer l’électricité. Les fournisseurs d’énergie s’en acquittent et font peser par ricochet ce droit de péage sur l’ensemble de leurs clients, entreprises comme particuliers. Pour un ménage, le Turpe représente actuellement environ 6 centimes d’euros par kilowattheure, «soit environ 20 à 30% d’une facture d’électricité TTC moyenne», précise la CRE. Cette proportion varie selon le niveau des prix de l’électricité.
Une baisse des factures, malgré la hausse du Turpe
Ce décalage, au 1er février au lieu du 1er août, est jugé «opportun» par l’autorité administrative indépendante. Cette échéance du 1er février n’est pas choisie au hasard puisqu’il s’agit de la date de calcul des tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité pour les douze prochains mois. Or, les prix de marché de l’électricité, qui composent plus de la moitié des TRV, sont en «très forte baisse» pour l’année 2025, souligne la CRE. Ce qui permettra aux 20,6 millions de foyers abonnés aux TRV, mais aussi aux quatre autres millions dont les contrats sont indexés sur les TRV, de voir leur facture diminuer malgré la hausse du Turpe. «Faire intervenir l’évolution du Turpe à cette date plutôt qu’au 1er août permettra d’éviter des mouvements de sens opposés à 6 mois d’intervalle pour ces clients tout en leur garantissant une baisse nette significative en février», a ainsi déclaré la CRE.
Le Turpe augmentera donc d’environ 10% au 1er février 2025 selon les calculs de la CRE, et sera révisé en 2026, 2027 et 2028, en fonction du niveau de l’inflation. Enedis réclamait une augmentation de 18,9% pour l’an prochain. La CRE a donc tempéré les velléités des gestionnaires du réseau. Dès l’année prochaine, la contribution des ménages au titre du Turpe devrait donc atteindre en moyenne 6,6 centimes par kilowattheure.
Des investissements colossaux pour Enedis et RTE
Une telle hausse est exigée pour répondre aux besoins d’investissement croissants des gestionnaires. Ces besoins tripleront pour RTE, passant de 2,1 milliards d’euros en 2023 à 6,4 milliards en 2028. Les besoins d’Enedis atteindront 7 milliards d’ici cette date. Le développement des bornes de recharge des voitures électriques et des énergies renouvelables, en particulier de l’éolien en mer, l’électrification des grands sites industriels mais aussi la rénovation du réseau électrique vieillissant, soumis à rude épreuve avec le changement climatique, demanderont en effet de «lourds investissements» reconnaît la CRE. Cette hausse du Turpe est jugée inévitable pour «donner les moyens aux gestionnaires de réseaux d’assurer leurs missions dans de bonnes conditions», avait expliqué le régulateur en octobre.



















