En lançant Free TV, l'opérateur s'attaque directement à un marché fragmenté entre les applications des chaînes (TF1+, M6+ etc.) et les agrégateurs comme Molotov. La particularité ? N'importe qui peut désormais accéder au service gratuitement, qu'il soit abonné Free ou non.

L'ambition affichée par le fondateur de Free est sans équivoque. "Regarder la télé, en 2025, c'est une galère : faut télécharger une app pour chaque chaîne, se créer un compte sur chaque app de chaque chaîne… On a décidé de changer tout ça. Maintenant, la télé, c'est simple. Maintenant, la télé, c'est Free", martèle-t-il dans le communiqué de lancement.

Une offre gratuite étoffée pour séduire le grand public

L'offre de base de Free TV intègre plus de 170 chaînes, dont les 16 principales de la TNT : TF1, France Télévisions, BFM TV, CNews, Franceinfo, L'Équipe ou encore RMC Story. À cela s'ajoutent 25 000 programmes en replay et Free Ciné, un service de vidéo à la demande financé par la publicité qui propose plus de 500 films et 1 000 épisodes de séries. Certes, le catalogue penche davantage vers les films datés ou confidentiels, mais l'argument du gratuit pourrait faire mouche.

Côté fonctionnalités, Free TV reprend les standards devenus incontournables : contrôle du direct avec pause, reprise d'un programme depuis le début (start-over), et interface unifiée. Seul impératif pour en profiter : créer un compte avec une adresse e-mail, accepter les cookies et désactiver les bloqueurs de publicité.

L'application est déployée sur une kyrielle de supports : smartphones, tablettes iOS et Android, ordinateurs via tv.free.fr, téléviseurs connectés de Samsung, LG, Philips ou Hisense, Amazon Fire TV, Android TV, Apple TV, et même certains vidéoprojecteurs.

Free TV+ : la formule premium pour les abonnés et les autres

Pour ceux qui veulent aller plus loin, Free propose Free TV+, une version enrichie qui déverrouille l'accès à plus de 300 chaînes, parmi lesquelles figurent les 25 chaînes de la TNT, des bouquets habituellement payants comme RTL9, MTV, Disney Channel, Nickelodeon, CNN International, National Geographic ou Bloomberg TV. Le replay grimpe à 45 000 programmes, tandis que Free Ciné s'étoffe de 250 films et 700 épisodes supplémentaires.

Cette offre premium est évidemment facturée cette fois, à 0,99 euro par mois la première année, puis 5,99 euros ensuite, sans engagement. L'opérateur réserve un traitement particulier à ses clients : Free TV+ est automatiquement inclus pour les abonnés Freebox disposant du service télévision, ainsi que pour les détenteurs des forfaits mobiles Free 5G et Série Free. Ces derniers profitent en prime de capacités d'enregistrement allant de 100 heures (Freebox Pop) à 320 heures (Freebox Ultra).

Pour les abonnés, la transition depuis Oqee by Free se fait en douceur. L'ancienne application bascule automatiquement sous la nouvelle bannière Free TV.

Guerre froide avec Molotov en toile de fond

Derrière ce lancement se dessine une bataille qui dépasse le simple positionnement commercial. Xavier Niel et Molotov, c'est une histoire compliquée. L'homme d'affaires avait investi plus de 30 millions d'euros dans la startup française avant son rachat par l'Américain FuboTV en 2021 pour 164 millions d'euros, payés principalement en actions. Une opération qui a viré au fiasco puisqu'entre son annonce et sa finalisation, l'action FuboTV a fortement chuté en bourse, réduisant considérablement la valeur réelle de la transaction.

Cerise sur le gâteau, selon L'Informé, une guerre juridique oppose désormais Xavier Niel au fondateur de Molotov, Jean-David Blanc. Ce dernier réclamerait 30 millions d'euros d'intéressement sur la vente. Le tribunal de commerce de Paris a débouté Blanc, mais celui-ci entend faire appel. Dans ce contexte tendu, le lancement de Free TV prend des airs de règlement de comptes.

En positionnant Free TV comme une alternative gratuite et universelle, Xavier Niel vise à imposer son service comme le guichet unique de la télévision en France. Un coup stratégique qui met Molotov sous pression, mais aussi les applications des chaînes et les offres des opérateurs concurrents (SFR TV, b.tv+ de Bouygues Telecom, Orange TV), qui restent cantonnées à leurs abonnés respectifs.

Reste à savoir si Free TV parviendra à convaincre massivement au-delà de la base d'abonnés captive de l'opérateur. La promesse de simplicité et de gratuité pourrait séduire un public lassé de jongler entre différentes plateformes. Mais dans un paysage audiovisuel déjà saturé, la bataille s'annonce rude.