
Pierre-François Periquet est un as des cartes Pokémon et des toupies Beyblade. Et pour cause : dans sa première vie, l’actuel responsable marque et communication de Hasbro France, le spécialiste mondial du jouet qui fabrique et distribue les toupies Beyblade hors de leur Japon natal, a participé au lancement des cartes Pokémon dans l’Hexagone. Deux marques qui ont débarqué en force dans les cours de récré au tournant des années 2000. Deux stars venues du pays du Soleil levant qui, depuis, n’ont plus quitté les sacs à dos des écoliers et des collégiens.
Des jeux ancrés dans la culture de l'archipel japonais
“Contrairement à ce que l’on imagine, ce ne sont pas des phénomènes culturels récents, pointe Pierre-François Periquet. Ces jeux sont ancrés dans la culture nippone, même s’ils ont été mis au goût du jour.” Ils plongent leurs racines dans les traditions de l’archipel : les hanafuda, des cartes illustrées utilisées pour jouer au koi-koi et fabriquées à partir de 1889 par la jeune société Nintendo ; les beigoma, coquillages remplis de sable et propulsés avec une ficelle qui sont les lointains ancêtres des Beyblade.
Les Pokémon, le raccourci de Pocket Monsters, les monstres de poche, sont nés de l’imagination de Satoshi Tajiri, passionné d’insectes depuis l’enfance. Après ses débuts comme jeu vidéo sur Game Boy en 1996, la franchise s'est développée avec un dessin animé diffusé sur TF1, puis des cartes à collectionner, des figurines et des films. Les toupies Beyblade, elles, sont nées dans les manga de Takao Aoki avant d’être les héroïnes d’un dessin animé et de débarquer dans les magasins de jouets.
Affrontements de toupies Beyblade
“Mais ce ne sont pas des jouets, insiste Pierre-François Periquet. Beyblade, comme Pokémon, sont des jeux de stratégie.” Dotés de pouvoirs surnaturels, Pikachu, Bulbizarre, Salamèche et leur millier de semblables se livrent de redoutables combats organisés par les dresseurs de Pokémon. Les propriétaires de toupies Beyblade, qu’elles soient estampillées attaque, défense, endurance ou équilibre, s’affrontent eux aussi pour mettre celles de leurs adversaires hors de combat.
Véritable phénomène à leur sortie en 2003, les toupies multicolores ont sombré avec l’arrêt de la série télévisée. “L’engouement a duré dix-huit mois, raconte Franck Mathais, le porte-parole de la chaîne de magasins JouéClub. Il a repris pendant deux ans, à partir de 2010, grâce à la nouvelle série. Les toupies étaient numéro un des ventes de jouets cette année-là. Les parents s’arrachaient les cheveux pour trouver les modèles convoités par leurs enfants.”
20% de filles dans les tournois de toupies
Depuis 2017, les Beyblade sont de retour, mais cette fois, elles se sont solidement arrimées dans les rayons grâce au lancement régulier de nouveaux produits - toupies, lanceurs, ou arènes dans lesquelles se déroulent les confrontations. Et, bien sûr, grâce aux “anime”, les indispensables séries télévisées d’animation qui squattent les grilles télé. Résultat, les Beyblade, très prisées des 8-12 ans, ont accédé au rang de valeurs sûres. “Des classiques du marché, et plus un phénomène de court terme ”, résume Franck Mathais. Cette année, le chiffre d’affaires France devrait être multiplié par deux, atteignant 25 millions d’euros.
Pour entretenir la flamme, des tournois très officiels opposent dans chaque région les mordus de toupies, dont 20% de filles. Le 12 juillet dernier, les 68 meilleurs “bladers” français se sont disputé le titre national à Roissy-en-France, au nord de Paris. Et les fans piaffent déjà : les 11 et 12 octobre prochain, la couronne mondiale sera en jeu à Tokyo.
Pokémon, la franchise la plus rentable de tous les temps
Les adeptes des Pokémon ont leurs “anime”, eux aussi - quatre par an, diffusés au compte-gouttes pour faire durer le suspens, et les dresseurs ont leurs tournois, qu’ils soient Juniors (nés en 2013 ou après), Seniors (nés entre 2009 et 2012) ou Masters (nés en 2008 ou avant). Leur objectif : engranger le maximum de “Championship points” afin de se qualifier pour le championnat du monde. La dernière édition, dotée d’un demi-million de dollars de récompenses, a eu lieu à Anaheim, en Californie, du 15 au 17 août dernier.
Pikachu et ses amis alignent les superlatifs. Les applications de jeu Pokémon Go et Pokémon TCG Pocket sont les plus rentables de tous les temps. Idem pour la franchise détenue par The Pokémon Company, filiale commune des nippons Nintendo, Game Freak et Creatures. Avec 150 milliards de dollars amassés depuis sa création, elle fait trois fois mieux que Harry Potter et deux fois plus que Star Wars. C’est dire… Et les Pokémon continuent sur leur lancée, surfant sur “une croissance à deux gros chiffres”, d’après un spécialiste. “Cet univers est l’un des leviers de croissance du marché du jouet”, salue Franck Mathais, de JouéClub.
5,3 millions de dollars pour une carte Pokémon
Distribuées en France par l’éditeur de jeux Asmodee, collectionnées par les amateurs, les cartes à l’effigie des petits monstres se sont muées avec le temps en objets de placement et de spéculation. “Ce marché a explosé avec le Covid”, observe Alexandre Boissenot, 34 ans dont 26 à accumuler les cartes, responsable du département des objets de collection pour le site de ventes en ligne eBay. Entre 2019 et 2020, les transactions, boostées par le désœuvrement et les économies forcées, ont bondi de 574%! En 2021, l’influenceur et catcheur américain Logan Paul a déboursé près de 5,3 millions de dollars pour s’offrir un rarissime Pikachu Illustrator. La carte la plus chère du monde à ce jour.
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