Le fonds souverain de la Norvège avait dit non, mais ça n'aura pas été suffisant. Ce jeudi 6 novembre, les actionnaires du groupe Tesla, réunis en assemblée générale à Austin (Texas) où se trouve le siège du spécialiste des véhicules électriques, ont approuvé à plus de 75% la résolution portant sur le nouveau plan de rémunération du patron Elon Musk, a annoncé un responsable du groupe. Ce «pay package», d'une durée de dix ans, est constitué de douze tranches fixant des seuils financiers et opérationnels déclenchant, dans certaines conditions, l'octroi d'actions du groupe à l'homme le plus riche du monde. Il pourrait ainsi empocher plus de 1 000 milliards de dollars s'il remplit ces objectifs.

Jusqu'au dernier moment, partisans et opposants à ce pactole ont tenté de rallier d'autres actionnaires à leur cause. Une manifestation anti-Musk s'est tenue mercredi à Austin, devant le Parlement du Texas. Le groupe a multiplié les messages pour sensibiliser sur l'importance de ce rendez-vous annuel. «Trois résolutions sont cruciales pour l'avenir de Tesla», martèle-t-il, relayé par Elon Musk à chaque opportunité et par la présidente du conseil d'administration Robyn Denholm, entre autres.

Douze tranches avec seuils financiers

«Tesla n'est pas dirigé par un patron ordinaire. Elon est un visionnaire (...), qui a accompli des révolutions industrielles et des transformations réussies de nombreuses entreprises pionnières à plusieurs milliards de dollars», affirme le groupe. Ce «pay package», d'une durée de dix ans, est constitué de douze tranches fixant des seuils financiers et opérationnels déclenchant, dans certaines conditions, l'octroi d'actions du groupe à Elon Musk. La tranche finale prévoit notamment une capitalisation boursière de l'entreprise à 8 500 milliards de dollars - à peine plus de 1 000 milliards lors de l'annonce le 5 septembre - ou encore la vente de vingt millions de véhicules - Tesla a fabriqué en juin son huit millionième véhicule.

S'il coche toutes les cases et dans les temps impartis, Elon Musk pourrait recevoir jusqu'à 12% du capital actuel supplémentaire. Au 12 septembre, il détenait environ 12,4% du capital dans un trust (413 millions d'actions) et a reçu, en plus, 96 millions d'actions en août dans le cadre du plan de rémunération de 2018, retoqué deux fois en justice et soumis pour la troisième fois à l'assemblée générale. Déjà homme le plus riche du monde avec un patrimoine estimé mercredi à 500 milliards de dollars, Elon Musk pourrait alors détenir entre 25% et 29% de Tesla.

Musk avait fait pression

Le cabinet de conseils aux actionnaires ISS déplorait, comme plusieurs opposants, des objectifs manquant «de précisions». Certains s'inquiétaient aussi des conséquences des positions politiques extrêmes du milliardaire - un temps très proche de Donald Trump -, qui ont affecté les ventes mondiales, et de la concurrence croissante notamment des modèles chinois, moins chers. Dans une lettre conjointe, des trésoriers de plusieurs Etats notamment dénoncent des objectifs «vagues, manquant d'ambition et dépendants grandement de l'appréciation d'un conseil d'administration non-indépendant».

A l'inverse, la société d'investissement Baron Capital et le conseil d'administration du fonds de pension de l'Etat de Floride (SBA) soutenaient ce package, soulignant que les précédents étaient tout aussi ambitieux et ont «toujours créé une valeur extraordinaire pour les actionnaires». «Musk n'en a profité qu'après les actionnaires», affirme le SBA, tandis que, pour Baron, «le succès de Tesla et son avenir sont inséparables d'Elon».

Ce dernier a d'ailleurs insinué que s'il n'obtenait pas satisfaction, il serait moins enclin à rester chez Tesla qui est en plein virage technologique concernant l'autonomie et l'intelligence artificielle. Les actionnaires doivent d'ailleurs voter sur l'opportunité d'investir dans xAI, entreprise d'Elon Musk spécialisée dans l'intelligence artificielle qui a absorbé le réseau social X qui lui appartenait aussi.