Débutons cet article par une note d’espoir. Il existe un monde parallèle, dans lequel plus personne ou presque ne porte de masque. Où le trafic aérien domestique est revenu à 95% de son niveau, pourtant record, de la fin de l’année dernière. Ce pays, c’est la Chine. Là-bas, tout est comme avant, ou presque. Même «les tarifs des billets d’avion y sont normaux», observe Alexandre de Juniac, le président de l’Autorité internationale du transport aérien (Iata), retranché dans son bureau de Genève. Selon lui, ce rebond chinois prouve que le goût de prendre la voie des airs est intact.

Mais c’est une exception. Et, d’ailleurs, sera-t-elle durable ? Force est de constater que le Covid-19 a la fâcheuse manie de ressurgir là où on ne l’attend pas. Les dirigeants du secteur aérien en font des cauchemars. Cet été, ils avaient repris courage. Et puis l’automne est venu... Selon l’Iata, le virus a déjà généré un manque à gagner total de 353 milliards d’euros pour l’ensemble des compagnies mondiales, leur causant 71 milliards de pertes.

C’est d’une violence inouïe. Air Italy, Miami Air International, Level, South African Airways... au moins une quinzaine d’entre elles se sont crashées cette année. «Entre 20 et 30 autres sont en faillite, déplore Alexandre de Juniac. Sans aides supplémentaires, elles ne survivront pas.» Les vols internationaux restent paralysés, y compris vers la Chine. L’Europe est bouclée. Et le trafic domestique américain n’est qu’à 40% de son niveau ordinaire.

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Comme le reste de la planète ne peut pas mettre en place un confinement ultra-autoritaire à la pékinoise, et qu’une telle solution ne réglerait de toute façon pas le problème des frontières fermées et des quarantaines, les professionnels de l’aérien attendent fébrilement l’arrivée d’un vaccin. Dans l’hypothèse, ambitieuse, faite par l’Iata, que ce remède miracle serait mis sur le marché en juin, le trafic mondial repartirait à seulement 50% de son niveau d’avant-crise fin 2021. Perte totale à prévoir pour les compagnies: entre 60 et 75 milliards d’euros. Dans ce scénario, il faudrait attendre 2023 pour que les voyages privés reprennent à plein régime, et 2024 s’agissant des déplacements d’affaires.

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