Une ascension fulgurante couronnée par un record. Mercredi 9 juillet, le fabricant de processeurs Nvidia est devenu la première société à voir sa capitalisation boursière franchir la barre des 4 000 milliards de dollars (3 400 milliards d’euros). L'entreprise la plus valorisée au monde est parvenue, en quelques années seulement, à se hisser sur des sommets boursiers qui la placent désormais devant Microsoft (3 700 milliards de dollars de capitalisation), Apple (3 100 milliards), Amazon (2 400 milliards)...

Les actions Nvidia valent-elles encore le coup ?

Mais que faut-il comprendre derrière le terme de «capitalisation boursière» ? Il s'agit simplement du montant obtenu en multipliant le nombre d'actions en circulation d'une entreprise par leur valeur actuelle en Bourse. L’une des composantes de cette équation est donc la valeur des actions : plus elle est élevée, plus la capitalisation a des chances de grimper. Or, acheter des actions chères, c'est mathématiquement réduire les chances de les revendre encore plus cher, et donc de réaliser une plus-value. Ceci sans oublier que sur son marché, Nvidia a vu arriver en janvier un concurrent chinois qui semble plus que sérieux, Deepseek, ce qui pourrait assombrir sa trajectoire boursière. En termes de prix et de perspectives, est-ce que les actions Nvidia valent encore le coup ? C'est ce que nous avons demandé à Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

Est-ce que les plus grosses capitalisations boursières sont de bonnes affaires ? Ne sont-elles pas par nature des valeurs trop chères ?

Christopher Dembik : Je pense qu'il faut être extrêmement humble sur ce sujet. Bien sûr, si on regarde les valorisations, nous sommes à des ratios très élevés. Mais il faut dire qu'il reste hasardeux de prendre des référentiels passés pour estimer la valorisation d'entreprises liées de l'AI. La réalité, c'est que nous n'avons pas une vision complète sur le bon niveau de valorisation de cette technologie. On ne sait pas encore à quel point elle va impacter l'économie, ni quels vont être la rapidité et l'impact de son intégration dans les entreprises, etc. Aujourd'hui, faire une comparaison avec la bulle internet ne semble pas très pertinent, il ne s'agit pas de la même technologie, et la qualité des entreprises est très différente. Les entreprises liées à l'IA ont des niveaux de rentabilité et des quantités de liquidités que n'ont jamais eus les entreprises de la bulle internet. Il faut être réaliste et reconnaître que nous n'avons pas, aujourd'hui, de référentiel pour savoir si ces actions sont vraiment chères ou pas.

Par rapport aux niveaux de valorisation très élevés du tout début d'année, où en est la valeur de l'action Nvidia ?

On reste en dessous, c'est la "bonne nouvelle", car on était à des niveaux de valorisation très élevés en début d’année, ce qui faisait hésiter les investisseurs. Outre la valorisation, nous avons aussi des anticipations très positives sur les prochains résultats trimestriels. Il faut reconnaître toutefois qu'une partie des résultats sera gonflée par l'effet du taux de change, car Nvidia est une entreprise tournée vers l'international. Donc, un dollar en baisse va nécessairement gonfler un peu les bénéfices (une monnaie faible facilite les exportations, NDLR). Mais on reste sur des anticipations de chiffre d'affaires, de marge brute et nette très positives, avec encore beaucoup de demande. Il y aura des moments de corrections boursières, ce qui est normal, mais nous n'avons pas d'inquiétude sur les fondamentaux de ce titre.

Outre l'IA, Nvidia a-t-elle d'autres débouchées pour rester en tête des capitalisations boursières mondiales à l'avenir ?

On note deux éléments sur lesquels Nvidia travaille en ce moment. Le premier, c'est le lien entre IA et robotique. Aucune entreprise ne travaille à ce niveau-là sur le sujet actuellement. Quelques robots industriels commencent à utiliser l'IA, mais cela reste assez limité, or, il est assez consensuel qu'il s'agit du prochain axe de développement majeur de l'IA. Nvidia a également compris que tôt ou tard viendront des concurrents proposant des puces aussi performantes et moins onéreuses que les siennes. Ils essaient donc depuis le début d'année de créer un écosystème logiciel qui rendra Nvidia incontournable dans tous les systèmes utilisant de l'AI, même avec des puces venant d'un autre fournisseur. Et donc, oui, il y a fort à parier que Nvidia restera dans le trio de têtes des premières capitalisations boursières dans les années à venir.

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