«Z’avez vu comme c’est moche chez lui?», «Il est vraiment relou avec ses objectifs irréels»… Ces mots doux sont extraits du groupe WhatsApp de Stéphane, chef de projet dans une entreprise de marketing digital. Le salarié de 28 ans, qui préfère rester anonyme, a créé ce fil de conversation avec quatre de ses collègues pendant le premier confinement. «Au départ, c'était pour faciliter la communication entre nous, mais c'est vite devenu une sorte d'exutoire», confie-t-il. Inquiet de la tournure des commentaires, il a finalement supprimé le groupe avec la reprise du présentiel en septembre. «Les blagues de potache des débuts ont viré au peloton d'exécution. Il n'était plus question pour moi de cautionner de tels propos, cela m'échappait complètement.»

Pour François Jost, professeur émérite à l'université Sorbonne Nouvelle, ces comportements n'ont rien d'exceptionnel, mais ils se généralisent avec l'utilisation massive des réseaux sociaux (40 millions d'utilisateurs par mois pour Facebook, 11 millions pour LinkedIn…). «Les gens ont toujours donné leur avis, mais c'était plus discret lorsque ça se passait autour de la machine à café. La méchanceté n'est pas due à Facebook, Instagram ou Twitter. Elle a simplement plus de facilité à s'y exprimer», analyse le sémiologue, auteur de La Méchanceté en actes à l'ère numérique (CNRS Editions). Quatre questions pour faire le tour de la question.

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