Le géant suédois du streaming remet le couvert. Dans un communiqué publié début août, Spotify a officialisé une nouvelle augmentation de ses tarifs, une vague qui touchera de nombreux marchés en Europe, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Pour beaucoup d’utilisateurs, la facture de l’abonnement Premium Individuel va ainsi grimper de 10,99 € à 11,99 € par mois. L’Hexagone, lui, passe entre les mailles du filet. Ce n’est pas un cadeau : les abonnés français ont en réalité déjà payé. En effet, ils subissent depuis juin une hausse liée à la fameuse "taxe streaming" imposée par le gouvernement pour financer la filière musicale française.

La France, déjà au sommet des tarifs européens

Pour les utilisateurs français, la douloureuse est déjà passée. En juin dernier, le tarif de l'abonnement personnel a été porté à 12,14 €, contre 11,12 € auparavant. Une augmentation que Spotify avait clairement assumée comme une répercussion directe de la nouvelle taxe pour le Centre National de la Musique (CNM). La plateforme avait alors choisi de faire porter le poids de cette contribution à ses clients, tout en annonçant des désinvestissements dans la promotion d’artistes français. Résultat ? La France se retrouve avec l'un des abonnements les plus chers de l'Union européenne, dépassant même le nouveau tarif de 11,99 € qui s'appliquera chez plusieurs de ses voisins. D'autres pays comme la Belgique, le Luxembourg ou les Pays-Bas, ayant également subi des hausses récentes, ne sont pas non plus concernés par cette nouvelle vague.

Rassurer des marchés fébriles

Cette décision d'augmenter les prix n'est pas une surprise. Elle survient dans un contexte économique tendu pour le leader du streaming. Malgré un nombre record de 276 millions d'abonnés payants, Spotify peine à transformer son succès populaire en rentabilité durable. L’annonce de ses derniers résultats financiers, jugés décevants, a d’ailleurs provoqué une chute de son action en bourse de 11,5 %. Pressé par les investisseurs, son patron, Daniel Ek, doit trouver un équilibre délicat : augmenter les revenus sans faire fuir une base d'utilisateurs qui a fait sa force. Si le discours officiel évoque une nécessité de « poursuivre l’innovation » et de s'adapter aux « conditions locales du marché », cette hausse généralisée ressemble surtout à une tentative de rassurer des actionnaires de plus en plus impatients.

Plus cher, mais pas meilleur

Cette nouvelle grille tarifaire place Spotify parmi les services les plus onéreux du marché, aux côtés de Deezer (11,99 €) et juste en dessous de Qobuz (12,49 €), qui se spécialise dans le son haute définition. Pendant ce temps, son principal rival, Apple Music, reste à 10,99 € par mois. Un comble pour une plateforme qui se veut leader, mais qui reste à la traîne sur une fonctionnalité devenue standard chez ses rivaux : le son Hi-Fi (sans perte), promis depuis 2019 mais toujours aux abonnés absents. Alors que les prix s'envolent, les innovations majeures, elles, se font attendre, laissant les mélomanes les plus exigeants sur leur faim.