Le bras de fer judiciaire entre Donald Trump et la BBC est désormais engagé. Le président américain a déposé plainte ce lundi 15 décembre 2025 contre le groupe audiovisuel public britannique, à qui il réclame 10 milliards de dollars, notamment pour diffamation, selon un document judiciaire consulté par l’AFP. En cause : la diffusion d’un montage vidéo que Donald Trump juge trompeur. La BBC avait diffusé, juste avant l’élection présidentielle américaine de 2024, des extraits séparés d’un discours prononcé par le dirigeant le 6 janvier 2021.

Assemblés d’une certaine manière, ces extraits donnaient l’impression que le candidat républicain appelait explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington. La plainte, déposée devant un tribunal fédéral de Miami, réclame «des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars» pour chacun des deux chefs d’accusation invoqués : la diffamation et la violation d’une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales. Quelques semaines auparavant, Donald Trump avait pourtant évoqué un montant compris «entre un et cinq milliards de dollars».

La BBC secouée par les scandales

Très virulent, le milliardaire de 79 ans a réagi ce lundi devant la presse : «Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche», a-t-il dénoncé. Un porte-parole des avocats de Donald Trump, contacté par l’AFP, a également fustigé le comportement de la chaîne britannique : «La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024». Il a poursuivi : «La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche».

Cette affaire intervient alors que la BBC traverse une période de fortes turbulences. Le groupe, dont l’audience et la réputation dépassent largement le Royaume-Uni, est fragilisé par des révélations visant son émission phare d’investigation Panorama. Outre-Manche, la controverse a ravivé le débat sur l’impartialité et le fonctionnement de l’audiovisuel public, déjà ébranlé ces dernières années par plusieurs scandales.

Les conséquences ont été immédiates au sommet de la hiérarchie : le directeur général Tim Davie et la directrice de l’information Deborah Turness ont démissionné. Le président de la BBC, Samir Shah, a adressé une lettre d’excuses à Donald Trump, sans parvenir à calmer sa colère. Il a toutefois rejeté les accusations formulées par le président américain et affirmé sa volonté de contester toute action en diffamation.

De son côté, le président américain a également engagé, ou menacé d’engager, des poursuites contre plusieurs médias aux Etats-Unis. Certains d’entre eux ont déjà accepté de verser des sommes importantes afin de mettre fin aux procédures.