Le hall d'accueil a des airs d'aérogare, ce jeudi de mars. Sagement alignées dans une file balisée par des lanières rouges, des dizaines de personnes patientent. A l'avant-poste, une régulatrice répète les consignes à haute voix: «Tout le monde prend un ticket», «N’oubliez pas la feuille bleue»... Alors que l'écran en surplomb carillonne un nouveau ding-dong et affiche un numéro associé à une lettre, notre aiguilleuse se lance dans une traduction à haute voix: «Le 468 au comptoir B», crie-t-elle. Jetant un œil à son propre ticket numéroté 474, un sexagénaire s'agace: «J'en ai marre d'attendre, je veux sortir.»

Des patients qui patientent, quoi de plus normal? Sauf qu’au centre hospitalier de Versailles, aussi appelé hôpital André-Mignot, au Chesnay-Rocquencourt (Yvelines), plus rien ne tourne rond depuis décembre dernier, et une cyberattaque qui a paralysé les systèmes informatiques. Le piratage serait l'œuvre de hackers russes ou ukrainiens, qui réclameraient 100.000 euros de rançon (officiellement non payés). Trois mois plus tard, l’établissement ne fonctionne toujours qu'à 60% de ses capacités, et tous les services restent très affectés.

Privé de ses logiciels d’identification et de suivi des patients, il a dû revenir à des méthodes préhistoriques: dossiers papier sous forme d’une pochette bleue remplie de feuilles de soins manuscrites, étiquettes d'immatriculation autocollantes… L'attente aux admissions en est la preuve: tout prend deux fois plus de temps. Dans les coulisses, les équipes soignantes et le personnel administratif sont soumis à rude épreuve. «C'est épouvantable ce qui nous est arrivé, c'est comme si on avait pris une bombe atomique sur la tête», résume le docteur Wilfrid Sammut, médecin aux urgences de Mignot et délégué de l’Amuf (Association des médecins urgentistes de France).

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