Une simple soirée d’observation s’est terminée en catastrophe pour l’Américaine Erica Kahn, une habitante du Massachusetts de trente-trois ans. Ou plus particulièrement en cauchemar administratif, selon le média KFF Health News. L’Américaine était en voyage en Arizona durant l’été 2024. Durant l’une de ses promenades, une chauve-souris se loge par accident entre son appareil photo et son visage. Surprise, Erica pousse un cri, ce qui amène l’animal à tenter de se réfugier dans sa bouche ouverte, et à la mordre. Après ce moment de peur, le père d’Erica, médecin, lui conseille de se rendre à l’hôpital dans les vingt-quatre heures, simplement en prévention contre la rage.

Pour s’y rendre et être remboursée, Erica souscrit alors à une assurance quelques heures avant d’aller à l’hôpital, persuadée que celle-ci couvrira l’intervention. C’est en tout cas ce que semblent impliquer les conditions d’utilisation de l’assurance qu’elle a trouvée en ligne. Le lendemain de l’incident, l’Américaine commence un protocole contre la rage dans un hôpital de Flagstaff : quatre doses de vaccin contre la rage et des injections d’immunoglobulines, administrées sur deux semaines en Arizona, au Colorado et dans le Massachusetts. Une prévention qui lui était alors indispensable, rappellent les autorités sanitaires. En effet, la rage est une maladie presque toujours mortelle une fois que les symptômes sont apparus.

Une addition salée et des recours compliqués

Après les injections, le moment de payer arrive. Le total pour toutes ces interventions est de 20 749 dollars, dont 17 079 dollars pour la première intervention à l’hôpital de Flagstaff, ce qui couvre donc en grande partie le coût des vaccins et des immunoglobulines. Le problème, c’est que l’assurance n’a rien remboursé, invoquant un délai de carence de trente jours qui n’a pas été respecté. De son côté, Erica Kahn pensait pourtant que cette clause ne s’appliquait pas dans le cas des urgences. Après plusieurs recours, la compagnie d’assurance assurait aussi n’avoir reçu aucun dossier complet.

Sabrina Corlette, codirectrice du Center on Health Insurance Reforms de l’université de Georgetown, explique qu’en réalité, la plupart des régimes d’assurance maladie prennent effet le premier jour du mois suivant l’inscription du client. «La loi sur les soins abordables oblige les assureurs à couvrir les maladies préexistantes, telles que le diabète ou les problèmes cardiaques. Mais cela ne signifie pas qu'ils doivent prendre en charge le traitement d'une blessure survenue peu avant l'adhésion d'une personne à une assurance», explique-t-elle. Par ailleurs, elle indique que la politique en ligne de l’assurance à laquelle s’est fiée Erica semble en fait être celle d’un régime limité dit «à indemnisation fixe», qui ne paierait donc que des montants fixes pour les traitements par jour, indépendamment du total des dépenses engagées. La solution pour la patiente aurait été de demander un régime d’assurance COBRA, du nom de la loi Consolidated Omnibus Budget Reconciliation Act de 1985, qui permet de prolonger temporairement une couverture d’entreprise après un licenciement, et offre une rétroactivité qui aurait pu lui éviter ces dépenses. Malheureusement, elle ignorait cette option. Aujourd’hui, Erica Kahn a retrouvé un emploi et une bonne couverture santé, mais elle reste endettée. Certaines factures ont pu être négociées ou réglées via des plans de paiement, mais plus de 19 000 dollars restent à sa charge. Elle continue ses démarches et, malgré tout, prend la situation avec humour : «Je sais maintenant quel goût ont les chauves-souris… terreux et sucré. Dommage que ça me coûte si cher».