
La Banque centrale européenne a récemment publié une étude soulignant le rôle unique des espèces en temps de crise. Elle a analysé la demande de cash en Europe lors de 4 évènements récents : l’épidémie de Covid-19, l’éclatement de la guerre en Ukraine, la panne d’électricité en Espagne et au Portugal au printemps 2025 et la crise de la dette grecque du début des années 2010. Bien que ces crises soient de natures différentes, la BCE montre qu’à chaque fois, la demande d’espèces a fortement augmenté. Ceci s’explique par deux caractéristiques propres au cash : c’est le moyen de paiement le plus résilient (il fonctionne même «hors ligne») et c’est aussi une réserve de valeur rassurante, une sorte d’assurance contre l’incertitude. La BCE conclut cette étude en rappelant les recommandations de certains pays de l’Union européenne pour faire face à une éventuelle crise, il faudrait garder chez soi entre 70 et 100 euros de cash par personne pour couvrir quelques jours de dépenses.
Or, la nouvelle enquête Ifop pour la Monnaie de Paris montre que les Français ont parfaitement conscience de l’utilité du cash et suivent déjà très largement les recommandations rappelées par la BCE. A la question «lors d’une crise, quel moyen de paiement est le plus digne de confiance ?», les espèces sont privilégiées par 40% des répondants lors de catastrophe naturelle ou climatique, 43% en cas de crise sociale (grève, manifestation…), 47% face à des instabilités institutionnelles et politiques et enfin 52% lors de crises économiques et financières. Le cash arrive en tête de ces 4 situations, largement devant la carte bancaire (qui recueille entre 20% et 29% selon le type de crise) ou les virements (entre 15% et 22%).
«Le cash, pilier de confiance dans la monnaie et de résilience en période de crise et d’incertitudes»
Et dans un climat d’incertitude persistante, les Français ont bien intégré qu’il est utile d’avoir des espèces à disposition. Ils sont 96% à déclarer avoir de l’argent liquide sur eux, pour un montant moyen de 60 euros. De plus, 78% gardent de l’argent chez eux et la somme moyenne détenue est de 192 euros. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les jeunes déclarent conserver davantage d’argent que leurs aînés (235 euros pour les 18-34 ans contre 167 euros pour les 50 ans et plus). Cette fonction de réserve de valeur du cash explique que sa demande reste forte (la croissance des espèces en circulation dépasse 6% en France) alors que son usage comme moyen de paiement tend à diminuer, à la faveur du sans contact et des paiements mobiles.
Ce recours au cash en cas de crise s’explique par le haut niveau de confiance qu’il inspire : 95% des Français déclarent avoir confiance dans les espèces et 8 Français sur 10 se disent attachés au cash, des chiffres très stables depuis 5 ans. Logiquement, l’idée d’un monde sans cash est nettement rejetée : 83% des Français se déclarent inquiets de voir les espèces disparaître. Car, en plus de sa fonction d’assurance contre les tensions et l’incertitude, les Français attribuent plusieurs avantages fonctionnels au cash. Les espèces, en tant que seul moyen de paiement physique, sont notamment considérées un bon moyen d’apprendre la valeur de l’argent aux enfants et permettent de mieux se rendre compte de ce que l’on dépense. Les Français mettent aussi en avant l’absence de frais additionnels, ainsi que l’aspect sécurisé, accessible à tous et confidentiel du cash. Enfin, ils ont conscience que les espèces sont la seule forme de monnaie publique : 87% des répondants considèrent qu’il est important de conserver les espèces, qui sont la prérogative de l’Etat, face à des modes de paiement dématérialisés gérés par des entreprises privées.
Pouvoirs publics et particuliers apparaissent convaincus du rôle unique des espèces parmi les différents moyens de paiement. Le cash, pilier de confiance dans la monnaie et de résilience en période de crise et d’incertitudes, est donc loin d’être appelé à disparaître.

















