Le 29 décembre 2019, Carlos Ghosn faisait la une des médias après son évasion rocambolesque du Japon où il était assigné à résidence après quatre inculpations pour malversations financières. Dissimulé à l’intérieur d’une malle, l’ancien PDG de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi prenait alors la direction de Beyrouth (Liban) où son épouse l’attendait, perdant ainsi sa caution de 1,5 milliard de yens (soit plus de 12 millions d’euros). Cinq ans plus tard, l’ancien chef d’entreprise vit aujourd’hui reclus à Kaslik, une ville située au nord de la capitale libanaise.

Désormais loin des projecteurs, Carlos Ghosn n’a toutefois pas renoncé à certaines de ses ambitions, comme il l’a confié à un journaliste du Wall Street Journal, venu à sa rencontre. Assigné à résidence au Liban - tout comme son épouse Carole Ghosn qui est visée par une notice rouge d’Interpol pour faux témoignage -, la vie de l’ancien patron de Renault, aujourd’hui âgé de 71 ans, se résume à des rituels simples. Le matin, Carlos Ghosn se lève à 5h30 avant de promener son chien, un golden retriever. Le dirigeant déchu s’entraîne également avec un coach sportif dans sa villa de 20 millions de dollars, et parfois, s’autorise une virée en mer, sans jamais quitter les eaux libanaises, à bord de son yacht de 120 pieds, dont la propriété est disputée devant les tribunaux.

Enseignant à l’université de Kaslik

Renonçant à ses fonctions qui étaient les siennes à la tête de grands groupes automobiles, la carrière de Carlos Ghosn a aujourd’hui pris un virage pour le moins surprenant. En effet, l’ancien PDG est devenu enseignant à l’université de Kaslik où il dirige un programme de formation à destination des cadres intitulé «Strategic and Crisis Management Bootcamp with Carlos Ghosn» (que l’on peut traduire par «Stage intensif de gestion stratégique et de crise par Carlos Ghosn»). D’abord lancé sous une forme élitiste, moyennant la somme de 20 000 dollars pour chaque inscription, le programme se veut à présent beaucoup plus accessible pour les cadres intermédiaires. Se sentant soutenu par ceux qui l’entourent, Carlos Ghosn reste toutefois très discret sur ses ennuis judiciaires. «Les gens considèrent que je suis une victime», explique au Wall Street Journal celui qui a fui le Japon en raison d’un système judiciaire qu’il juge biaisé et dont le taux de condamnation est «quasi parfait».

Parmi ses autres passe-temps, la lecture prend aussi une place importante dans son nouveau quotidien. Trust, le grand roman d’Herman Diaz, n’est autre que sa dernière lecture du moment. Le livre, qui raconte l’histoire d’un magnat de la finance qui tente de réécrire sa propre légende, résonne d’ailleurs comme un écho à sa propre histoire personnelle. À présent interdit de voyager, Carlos Ghosn n’a toutefois pas renoncé à garder un oeil sur l’actualité internationale, et notamment l’annonce des nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump qui ne seraient pour lui, qu’une tentative du milliardaire pour rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis. Quant à l’ancienne alliance automobile qu’il dirigeait, Carlos n’est pas tendre. «Nissan demande de l’aide financière […] et Renault est redevenue ce qu’elle était avant 1999 : une petite entreprise européenne», dit-il.