
Le sursis avait été prolongé de quelques semaines. Finalement, le fabricant du cœur artificiel Carmat peut souffler : il ne devrait pas disparaître. En difficulté depuis plusieurs mois, Carmat s’était déclaré fin juin en cessation de paiement et avait demandé l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire. A court d’argent, le fabricant français s’attendait même à se retrouver en liquidation judiciaire. Mais mi-octobre, Carmat avait bénéficié d’un dernier sursis, le tribunal des affaires économiques de Versailles ayant décidé de renvoyer au 25 novembre l'examen de la requête en liquidation judiciaire.
Et coup de théâtre ce lundi 1er décembre, le tribunal des affaires économiques a finalement retenu une offre, rapporte Boursorama. Il s’agit de l’unique offre qui avait été déposée, à savoir celle du président du conseil d'administration, Pierre Bastid. Le tribunal de Versailles «ordonne la cession de la SA Carmat au profit de la SAS Carmat». Une nouvelle entité voit donc le jour. Toutefois, cette reprise ne se fait pas sans concessions. Sur les 127 salariés, 88 sont conservés. Cela signifie que «39 seront licenciés pour motif économique».
122 personnes ont eu un cœur Carmat
Pierre Bastid avait déjà fait une offre de reprise au début de l’été, mais elle avait été jugée irrecevable dans un premier temps. En cause, un plan de reprise incomplet puisqu’il n’était pas parvenu à réunir à temps les fonds nécessaires à la reprise. Finalement, le 15 octobre, le président du conseil d'administration, actionnaire à hauteur de 17% de la société, avait réémis une offre, alors associé à un autre actionnaire historique de la société, à savoir la holding de la famille Ligresti, Santé Holding.
Un pacte d’actionnaires lie donc les repreneurs et officialise la création de Carmat SAS. Fondée en 2008, Carmat est une des seules au monde à créer des cœurs artificiels. A ce jour, 122 personnes, dont un Bourguignon, ont eu la chance d’être équipées d’un cœur Carmat, rappelle France 3 Bourgogne-Franche-Comté. «L'avantage de ce cœur, c'est qu'on n’aura pas de problème de coagulation, de caillots à l'intérieur grâce à son système de membranes biologiques», a souligné le chirurgien cardio-vasculaire au CHU de Dijon, Olivier Bouchot, soutien de l’entreprise.
Une reprise… pour l’instant ?
Mais au fil des années, la société basée dans les Yvelines a peiné à réunir des investisseurs. «Quand on a une technologie aussi belle [...] on se doit de faire tout ce que l'on peut pour que le projet puisse continuer», martelait en juin Stéphane Piat, le directeur général de Carmat. Toutefois, la pérennité de l’entreprise est loin d’être assurée, même avec cette reprise. Dans le communiqué publié ce 1er décembre, il est précisé que «ses actionnaires subiront la perte intégrale de leur investissement, tandis qu’une grande partie des créanciers de Carmat subiront une perte très significative pouvant porter sur l’intégralité de leurs créances».














