La messe est dite. Après six mois de campagne hostile, le patron de Danone Emmanuel Faber a été remercié par son conseil d'administration. Il est remplacé par l'ancien président du conseil du fabricant de matériel électrique Legrand, Gilles Schnepp, favori des fonds activistes, notamment d'Artisan Partners. Cet ex-HEC de 62 ans va désormais accélérer le recrutement d'un nouveau directeur général venu de l'extérieur et d'envergure internationale. Pour assurer l'intérim, un duo est nommé. Il est composé de Véronique Penchienati-Bosetta, actuellement Directrice Générale International, et Shane Grant, actuellement Directeur Général Amérique du Nord, qui seront respectivement directrice générale et directeur général délégué.

Pour ceux qui n’ont pas suivi ce psychodrame inédit dans une société du CAC 40, rappel des précédents épisodes. A la mi-octobre 2020, l’annonce du départ de la directrice financière, Cécile Cabanis, une des dernières à soutenir Emmanuel Faber, a mis le feu aux poudres. Les fonds activistes, Bluebell d’abord, puis le plus influent Artisan Partners, sont alors sortis du bois pour réclamer un changement de tête. Même Franck Riboud, qui avait donné les pleins pouvoirs à son poulain en 2017, s’est retourné contre lui.

Dans le tumulte médiatique, certains ont oublié de se poser la question centrale : a-t-il vraiment démérité ? La situation du groupe ne semble pas désastreuse d’un point de vue économique. Emmanuel Faber a, en revanche, profondément déstabilisé et asséché ses équipes de direction. Le plus grand défi du futur directeur général sera de leur redonner du souffle.

Le cours de Bourse a dévissé de plus de 30% en un an

Il s’est rétracté plus vite que la moyenne du secteur en 2020, pointent les activistes. Cette chute est due à l’effondrement de la marge opérationnelle, passée de 15,2 à 14% en un an. Lors des résultats annuels de février, Emmanuel Faber a mis cette contre-performance sur le dos du Covid. Les analystes estiment de leur côté que la croissance rapide de la marge ces dernières années (de 12,6 à 15,2% entre 2014 et 2019) était moins liée à une croissance saine dopée par l’innovation qu’à une politique de coupe régulière dans les coûts. D’où le retour de bâton.

Attention cependant à ne pas comparer des choux et des carottes. Si les concurrents ont fait mieux que Danone, c’est grâce à des activités stimulées par la pandémie : la nutrition animale et le café pour Nestlé ou les produits d’hygiène chez Unilever. Les actionnaires ont aussi la mémoire courte, car le cours de Bourse a plutôt bien progressé ces dernières années, pour atteindre un pic en septembre 2019. Et le bénéfice par action a augmenté de 50% sur cinq ans, plus vite que le secteur.

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