Sur la fiche d’émargement de l’université d’été du Medef, organisée fin août à l’hippodrome de Longchamp, les noms des intervenants s’égrènent comme une litanie des saints patrons de l’industrie française: Alexandre Bompard (Carrefour), Nicolas Hieronimus (L’Oréal), Christel Heydemann (Orange). Il en manque pourtant un en cette rentrée: Antoine de Saint-Affrique. Directeur général de Danone depuis tout juste un an, le nouveau boss du CAC 40 aurait pu saisir cette occasion en or pour apparaître enfin dans le milieu des affaires. Mais non, encore raté!

Depuis sa nomination, l’homme boude avec beaucoup de constance toutes les occasions de briller: il fuit toutes les grands-messes politiques ou économiques, comme le Forum de Davos en mai, et goûte peu les interviews. En cette fin d’été, il avait toutefois une excellente excuse: samedi 27 août, il mariait sa fille aînée, Ariane, dans sa propriété de Tonneins, dans le Lot-et-Garonne. Or la famille, pour ce fidèle protestant, père de quatre enfants, c’est sacré.

Plus encore qu’une inclinaison, chez Antoine de Saint-Affrique, la discrétion relève du modus operandi, presque de la stratégie. Bien sûr, aux manettes d’un fleuron industriel aux 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le dirigeant préside aux destinées de marques iconiques, connues de tous (Evian, Blédina, Danette, Activia, Alpro…). Mais lui reste en dehors des radars, pouvant même prendre le métro sans que personne ne le reconnaisse.

Si cette retenue semble lui correspondre, mission lui a probablement été donnée, aussi, de calmer l’effervescence médiatique autour de l’entreprise. Car l’an dernier, cet officier de marine, diplômé de l’Ecole navale, a pris la barre du paquebot aux 100.000 salariés en pleine tempête: après des mois de crise ouverte, son prédécesseur, Emmanuel Faber, accusé d’avoir pris la grosse tête, épuisé les équipes et rompu la dynamique de croissance du groupe, a été démis de ses fonctions à l’issue d’un conseil d'administration houleux, «avec effet immédiat».

Alors que le groupe étalait sa crise sur la place publique, Antoine de Saint-Affrique suivait chaque acte depuis Zurich, où il pilotait le géant du cacao Barry Callebaut. Il avait prévenu tout le monde que ce poste serait le dernier avant la case retraite… à moins que Danone ne l’appelle à son chevet. «Ça faisait des années qu’il parlait de Danone et rêvait d’aller redresser l’affaire», raconte un de ses amis. De fait, lorsque le conseil d’administration se met à chercher un remplaçant, le garçon coche toutes les cases: il est français, mais avec un profil international, il connaît l’agroalimentaire et même Danone, puisqu’il a démarré chez Amora-Maille, avant la cession de cette branche. «Il était le seul profil crédible», assure un ami de Londres.

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