Le soir du 12 juillet dernier restera gravé comme «un tsunami» dans la mémoire de Nicolas Martignole, ingénieur chez Doctolib. Ce jour-là, Emmanuel Macron annonce l’instauration du pass sanitaire. Le président vient à peine de terminer son discours que le site est déjà pris d’assaut. Il est 21h07, la plateforme enregistre 30.000 requêtes (connexions) par seconde. Une «salle d’attente virtuelle» est alors mise en place à l’entrée du site pour temporiser, mais les systèmes tiennent bon. «Nous avons pu prendre 20000 rendez-vous par minute, quelque chose de fou», révèle le directeur technique Philippe Vimard. Score final, 926.000 rendez-vous ce soir-là.

Le réflexe Doctolib illustré par les chiffres… Ou comment une start-up s’est rendue indispensable au gouvernement et aux Français en temps de Covid, facilitant à elle seule 65 millions de rendez-vous vaccinaux (comptage arrêté mi-septembre). Son directeur général, Arthur Thirion, nous rappelle que ce plébiscite ne date pas d’hier: «40 millions de Français et d’Allemands utilisaient Doctolib avant la pandémie, ils sont maintenant 60 millions.» Un sacré coup d’accélérateur.

Nouvelle porte d’entrée vers les cabinets médicaux, Doctolib est aussi devenu un géant de la téléconsultation pendant le confinement, montant à 1 million de consultations mensuelles à distance. Fleuron de la French Tech, labellisé licorne puisque valorisé plus de 1 milliard d’euros, le jeune groupe rappelle qu’il n’est pas encore rentable et réinvestit tous ses gains – selon nos calculs, son chiffre d’affaires récurrent, tenu secret, avoisinerait les 20 millions d’euros mensuels. Mais cette réussite vient avec son lot de critiques, plus ou moins feutrées, y compris chez ses premiers fans, les médecins. En premier lieu, l’accusation de toute-puissance, vu sa part de marché évaluée à 90%. Et, en second, des doutes sur la sécurité des données de santé traitées, que Doctolib stocke sur les serveurs d’Amazon. Un enjeu de souveraineté nationale, pour le moins.

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