
C’est une page qui se tourne et une très mauvaise nouvelle pour les 999 salariés de l’enseigne de mode Jennyfer. La marque, autrefois star des garde-robes des adolescentes, a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ce mercredi 30 avril, à la demande du groupe. L'enseigne peut toutefois poursuivre ses activités jusqu'au 28 mai. A cette date seront examinées les éventuelles offres de repreneurs. Si aucun candidat se manifeste, 300 magasins, dont 220 en France, baisseront définitivement le rideau. La marque, fondée en 1984 par Gérard Depagniat et David Tordjman, affichait un chiffre d’affaires de 250 millions en 2023. Mais derrière ces vitrines fluo, c’est un business model malmené depuis des années qui battait de l’aile.
«L'explosion des coûts, la baisse du pouvoir d’achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable», a précisé la direction à l’AFP. En d’autres termes, Jennyfer n’a pas su faire face aux mastodontes de l’ultra fast-fashion qui raflent la mise en un clic comme les plateformes chinoises Shein ou Temu.
La CGT Service déplore que «la direction, avec la complicité de l'État, va supprimer les emplois de l'entreprise». Pour le syndicat, l'État aurait dû «garantir une vigilance» à la suite de plans sociaux successifs.
Un plan de continuation validé en août
Comme de nombreuses autres enseignes de mode, Jennyfer a fait les frais de la crise inflationniste, des tensions sur le pouvoir d’achat des consommateurs et de l’augmentation de ses coûts, notamment les loyers. Placée en redressement judiciaire en juin 2023 et contrainte de supprimer 75 postes sans fermer de magasins, l’enseigne avait pourtant réussi à s’en sortir. Un plan de continuation, présenté en août dernier, avait été validé par le tribunal de commerce de Bobigny.
Pour se relever, la marque avait annoncé un investissement de 15 millions d’euros et l’arrivée d’un nouvel actionnaire : le groupe franco-chinois Sinoproud. Deux anciens cadres, Yann Pasco et Jean-Charles Gaume, avaient alors pris la direction générale de l’enseigne et investi dans le projet, Sinoproud restant majoritaire. «Jennyfer est officiellement sortie de cette phase difficile», déclarait à l’époque, Yann Pasco, parlant de la «solidité du projet» mis en place. Objectif : viser une clientèle plus large de 10 à 24 ans et relifter son image vieillissante avec de nouvelles collections et un nouveau logo pour «renforcer son image de marque». Mais les efforts n’ont pas été suffisants pour faire face à la crise qui ne cesse de faire des victimes dans l’univers de la mode. Camaïeu, Kookaï, Gap France, André, San Marina, Minelli, IKKS, Kaporal… nombreuses sont les marques qui ont fait les frais de cette tourmente.



















