Une grande première. Le groupe d'électroménager Seb, qui commercialise entre autres les articles de cuisson Tefal, Moulinex ou encore Krups, s’attaque à un sujet brûlant : la récupération et le recyclage des ustensiles de cuisine, via la création de la première filière mondiale dédiée. Objectif ? Transformer nos vieilles casseroles et poêles en champions de l’économie circulaire.

Concrètement, voici comment les choses vont se passer. À partir du premier trimestre 2025, Seb va déployer un vaste réseau de collecte. Les consommateurs pourront déposer leurs ustensiles usagés dans les enseignes partenaires (Carrefour, Auchan, Leclerc…) ou dans les déchetteries, soit un total de 1 500 à 1 700 points de collecte dans toute la France. Peu importe la marque, qu’il s’agisse de Tefal, Le Creuset ou autres, tout sera bienvenu. Les objectifs sont ambitieux : 20 millions d’articles récupérés d’ici 2027, soit l’équivalent de 5 000 tonnes d’aluminium sauvées. Pourquoi une telle urgence ? Parce qu’aujourd’hui, seules 17% des poêles usagées échappent aux ordures, le reste finissant à la déchetterie ou à la poubelle, un désastre écologique.

Un investissement d’un million d’euros

Enjeu pour Seb ? Réutiliser les matériaux, notamment l'aluminium, pour qu’une poêle sur deux, fabriquée sur son site de Rumilly (Haute-Savoie), soit composée de matériaux recyclés d’ici à deux ans. Pour mener à bien ce projet, le groupe a investi 1 million d’euros et a déposé trois brevets dédiés à l’amélioration du tri des matériaux, à la compatibilité alimentaire des matériaux recyclés et à la réduction de l’impact environnemental.

Ce n’est pas la première tentative de Seb dans le recyclage : une opération locale avait été lancée en 2012. Le bilan ? Seulement 2 millions de poêles collectées en 12 ans. Autant dire un flop. Mais cette fois, Seb met les moyens pour séduire les consommateurs, en pleine montée des préoccupations environnementales.

Reverdir l’image de Seb ?

Au-delà des bonnes intentions, ce projet est une bonne manière pour Seb de verdir son image. Car l’ombre des PFAS, ces composés chimiques utilisés dans les poêles pour leurs propriétés anti-adhésives, plane toujours. Ces «pollueurs éternels» sont en effet accusés de graves dangers pour la santé. Même si Seb défend l’innocuité de son PTFE, un type de PFAS, la polémique a marqué les esprits.

D’ailleurs, le député écologiste de Gironde Nicolas Thierry s’est emparé du sujet et a déposé en avril 2024 une proposition de loi visant à restreindre l'usage des PFAS. Adopté fin mai par la Sénat, ce texte de loi a finalement exclu les ustensiles de cuisine du périmètre d’application. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, la plupart des travaux parlementaires ont été suspendus. Mais le texte pourrait revenir dans les débats fin février. Dans son projet de recyclage, Seb promet la destruction de ces substances controversées, histoire de rassurer tout le monde.