Ceci n'est pas une boîte aux lettres. Même si elle en a la forme et la couleur, et bien qu’elle occupe un coin de bureau de poste, cette grosse structure n’est en effet qu’une cabine d'essayage… qui fait pourtant trembler le petit commerce! A peine l’entreprise publique en avait-elle installé huit unités, à Paris et en Bretagne, afin de permettre à ses clients d’y tester les vêtements achetés en ligne avant de les retourner illico si besoin, qu’une armée de boucliers s’est levée. «Serions-nous tombés sur la tête ?? !!», s’est insurgée la Confédération des commerçants de France. «C’est offusquant, ça va favoriser les grands pure players de l’e-commerce», s’étranglait encore, fin janvier, son président, Francis Palombi, plusieurs semaines après l’annonce de cette initiative postale.

Si la réaction du secteur a été aussi épidermique, c’est que les paquets ouverts dans ces cabines ont de fortes chances de contenir des habits de seconde main, que les consommateurs ont pris l’habitude de s’échanger via Vinted. Ils seraient en effet désormais 23 millions de Français à être actifs sur le site, faisant de l’Hexagone le premier marché de cette société lituanienne. Intuitive et pratique, sa plateforme lui a même permis de doubler Amazon en France, pour s’imposer comme leader de la vente de mode en ligne, avec près de 13% de parts de marché. Le site, qui à ses débuts, en 2013, ne menaçait guère que Leboncoin ou Vestiaire Collective avec ses airs de vide-greniers digitalisé, aura donc réussi à faire de la mode d’occasion un phénomène de société.

Un marché du textile de seconde main estimé à 6 milliards d'euros en France

«Ce qui me frappe, c’est la capacité de la seconde main à prendre de l'ampleur auprès de toutes les générations, et de toutes les classes sociales», confirme Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM). Alors que les ventes de textile neuf ne cessent de s’éroder, à 45 milliards d’euros l’an passé, le marché du déjà-porté, à l’inverse, explose. Selon l’Observatoire de l’IFM, sa valeur a été multipliée par six depuis le Covid, avec un bond de 1 à 6 milliards d’euros entre 2019 et 2023. Et l’ogre lituanien s’en approprierait déjà près de la moitié, grâce à un volume d’affaires estimé à 3 milliards d’euros !

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