
L’assurance vie affiche des voyants au vert cette année. Certains contrats ont bien fière allure, avec des rendements compris entre 3,5% et 4% net pour les meilleurs fonds en euros, ces supports à capital garanti sur lesquels vous ne pouvez pas perdre d’argent (voir notre tableau). Le contrat Corum Life ressort à 4,65%, suivi par les fonds euros d'Ampli mutuelle (3,75%), de La France mutualiste (3,6%), d'Oradéa Vie, de Garance et de la Carac (3,5%).
Même si la rémunération moyenne, tous contrats confondus, est attendue en légère baisse (2,5% en 2024, contre 2,6% un an plus tôt), le fonds en euros va redevenir compétitif face à l'inflation - prévue à 1,6% en 2025 par la Banque de France -, et à son principal concurrent, le Livret A, dont la rémunération est tombée à 2,4% le 1er février. Dès lors, comment faire le bon choix ?
1/ Consulter l'historique
L'adage est bien connu : «Les performances passées ne présagent pas des performances futures.» Mais, concernant les fonds euros, «regarder les taux d'un contrat année après année peut tout de même être un indicateur», note Virginie Hauswald, directrice générale de la mutuelle Garance. En particulier, «il faut regarder où se situait l'assureur quand les taux moyens servis par le secteur étaient bas (entre 1,30% et 1,50% en moyenne entre 2019 et 2021, NDLR)».
Mesurer la capacité d'un assureur à naviguer en eaux troubles est en effet décisif quand on cherche des rendements significatifs et compétitifs dans la durée. Car «faire un très bon rendement durant une seule année sur le fonds euros ne présente pas beaucoup d’intérêt pour l'épargnant qui investit pour le long terme. La régularité du rendement est clé», abonde Thibaut Peigney, directeur du développement assurance vie chez Société générale Assurances.
Qui plus est, consulter l'historique de performance est plus pertinent pour un fonds euros que pour d'autres placements. En effet, le fonds garanti d'un assureur est composé à 70% ou 80% d'obligations, des titres financiers qui, une fois achetés et conservés jusqu’à leur terme, distribuent peu ou prou le même rendement pendant plusieurs années (huit ans en moyenne chez les assureurs). Les fonds en euros, en raison de cette inertie, font rarement les montagnes russes. Aussi un fonds en euros qui fait aujourd’hui péniblement 2,50% devrait avoir du mal à se hisser beaucoup plus haut dans les années à venir. «Cela implique de faire le bon choix au départ», pointe Henri Réau, directeur du développement chez placement-direct.fr.
2/ Évaluer les réserves
Une fois qu'on a l'historique des performances en tête, «il faut se projeter sur le rendement des années à venir, qui est en partie le fruit du taux de réserves financières de la compagnie», poursuit Thibaut Peigney. Outre le rendement de ses actifs financiers (obligations, actions, immobilier, etc.), l'assureur peut en effet «gonfler» la performance servie en puisant dans ses réserves. En particulier la provision pour participation aux bénéfices (PPB) - ou aux excédents (PPE) pour les mutuelles -, un pécule constitué pour soutenir la rémunération du fonds euros en période de vaches maigres.
Logiquement, plus un acteur affiche une PPB ou une PPE élevée, plus il aura la latitude d'en redistribuer une partie dans les années à venir. «Cette information figure obligatoirement dans le rapport annuel de l'assureur ou de la mutuelle», rappelle Olivier Sentis, directeur général de la MIF (voir le tableau ci-contre). La mutuelle dispose par exemple, fin 2024, d'une PPE représentant 2,38% des montants versés sur son fonds euros. En moyenne, fin 2023, ces réserves s'élevaient à 4,45% de l'épargne gérée par les assureurs, selon le site Good Value for Money. Mais elles peuvent être bien supérieures chez certains, en particulier les bancassureurs, les plus fournis en réserves, avec des PPE parfois supérieures à 6%.
3/ Regarder la composition du portefeuille
Autre information précieuse partagée par les assureurs en début d'année : la composition de leur fonds euros. Certes, le gros de ce portefeuille restera toujours composé d'obligations d'Etat ou de grandes entreprises pour réduire les risques. Mais il faut également jeter un œil au reste. Par exemple, les mutuelles - qui caracolent en tête du classement des rendements - sont davantage investies sur des placements plus risqués, et donc potentiellement plus rémunérateurs. Le fonds euros de Garance était ainsi composé, fin 2023, de 65% d'obligations, mais aussi de 27,1% d'actions, contre 9,2% en moyenne seulement pour un fonds euros «classique», selon le site Good Value for Money. Plus l’actif est diversifié sur des placements autres qu’obligataires, et notamment sur les marchés d’actions cotées ou non cotées, plus le rendement a des chances d’être attractif !
4/ Opter pour un contrat qui a le vent en poupe
Quatrième critère, plus difficile à jauger : votre contrat est-il poussé commercialement par l'assureur ? Un critère qui peut paraître futile, mais crucial pour deux raisons. D'abord, tous les assureurs ne redistribuent pas équitablement la performance entre tous les contrats, et peuvent avoir tendance à délaisser les plus anciens au profit des petits nouveaux : «Les taux des contrats plus récents sont généralement poussés pour qu'ils fassent leur trou sur le marché», remarque Henri Réau.
Ensuite, un contrat «tête de gondole», avec un taux attractif, aura aussi tendance à collecter davantage. Or, «dans les conditions de marché actuelles, quand la société d'assurance collecte, elle génère de la performance pour le futur», note Thibaut Peigney. En effet, les rendements des obligations - y compris d'Etats réputés sûrs (Etats-Unis, Allemagne) - sont actuellement à des niveaux élevés, et permettent donc d'emmagasiner de beaux rendements pour 2025, mais aussi pour les années à venir (les assureurs conservant leurs obligations entre 8 et 10 ans).
5/ Penser aux frais et bonus
Derniers indices à débusquer : le niveau des frais et les éventuels bonus, qui vont impacter votre rendement à la baisse ou à la hausse. «Réduire les frais, c'est toujours mécaniquement s'assurer davantage de performance», indique Henri Réau. Surveillez d'abord le niveau des frais de gestion, qui rémunèrent annuellement la société d'assurances, «car ils peuvent varier d'une simple au double, de 0,60% à 1,20%», relève Maxime Cagic, directeur général adjoint de Hottinguer Banque Privée. Attention aussi aux frais prélevés sur vos versements, qui varient entre 0% et 5%, fixé par le Code des assurances. Enfin, gare aux frais d'entrée ou d'ouverture, «appliqués par de plus en plus d'assureurs, alors que ce n'était plus le cas ces dernières années», avertit Maxime Cagic.
A l'inverse, il est aussi possible de s'assurer un petit coup de pouce sur la rémunération de son contrat grâce aux bonus proposés par les assureurs. Ces offres sont moins nombreuses qu'il y a un an, car elles visaient à l'époque à attirer la collecte sur les fonds euros - pour profiter des meilleurs rendements obligataires - et à rivaliser avec le Livret A, désormais moins attrayant pour les épargnants. Toutefois, quelques bonus subsistent : «Concernant les taux boostés pour 2025 et 2026, en fonction des compagnies et du pourcentage d’unité de compte (supports financiers autres que le fonds en euros, NDLR) nécessaire sur le contrat pour y avoir droit, les taux de rémunération peuvent bénéficier d’un bonus de 1,5% à 3% par an, ce qui amène à des rendements compris entre 4 et 5%», détaille Meyer Azogui, co-président de Cyrus, un acteur global de la gestion de fortune.
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