
Alerte sur la flambée du prix du gaz. «Entre janvier 2016 et septembre 2025, les consommateurs français ont bel et bien vu le montant de leur facture de gaz être multiplié par deux», explique le comparateur de fournisseurs d’énergie Selectra, dans une étude publiée le 17 septembre. Plus exactement, la note moyenne des 11,2 millions de foyers chauffés au gaz est passée de 747 à 1 511 euros sur un peu moins de 10 ans. Pourquoi une telle explosion ? En raison de l’évolution du prix, évidemment. Le coût de la «molécule», qui pèse pour 44% de la facture, a bondi de 134% sur cette période, de 284 à 665 euros, sous l’effet de la guerre en Ukraine principalement. «Le conflit a fait chuter les importations de gaz russe, le moins cher du marché», souligne Maxime de la Raudière, directeur général délégué de Selectra, interrogé par Capital.
Une autre explication réside dans la fiscalité, qui compte pour 29% de la douloureuse et a effectué un douloureux rattrapage après la levée du bouclier tarifaire fin 2023. «L’accise sur le gaz a quasiment doublé au 1er janvier 2024, passant de 8,37 euros à 16,37 euros par mégawattheure (MWh)», pointe l’étude. Résultat : en 10 ans, son poids a été multiplié par plus de 2,5. Enfin, le coût du réseau (27% de la facture) n’est pas en reste : il est chaque année plus onéreux (+35% depuis juillet 2024) et les clients doivent l’assumer. «Ces frais d’acheminement sont incompressibles et il y a de moins en moins de clients. Le nombre d’abonnés au gaz a baissé de 4% en 5 ans entre 2020 et 2025, de 430 000 sur un total de 11,2 millions aujourd’hui», constate Maxime de la Raudière.
Un cercle vicieux pour les prix du gaz
Prix du gaz, fiscalité, coût du transport. Un cocktail très amer pour les abonnés au gaz… qui vont malheureusement devoir s’y habituer. Car les hausses du coût d’acheminement pèseront chaque année un peu plus pour les clients. La tendance étant à «l’électrification des usages», souligne le directeur général délégué du comparateur de fournisseurs d’énergie, le nombre de foyers chauffés au gaz devrait encore se réduire quand les coûts de transport de l’énergie feront le chemin inverse. Résultat : un prix qui va encore grimper.
Et la fiscalité ne devrait rien arranger. «L’électricité est beaucoup plus taxée que le gaz. L’accise sur le gaz est actuellement de 16,37 euros par mégawattheure (MWh), contre 30 euros pour l’électricité. Je ne vois pas un gouvernement diminuer ces taxes. En revanche, les relever pour le gaz - comme cela a été le cas pour l’électricité en février 2024 puis février 2025 - est un moyen assez simple et pas trop impopulaire de récupérer de l’argent pour l’Etat», anticipe l’expert. Selon ses calculs, pour un foyer type qui consomme 11 MWh de gaz par an, augmenter l’accise sur le gaz à hauteur de celle sur l’électricité alourdirait la facture de 10%, voire davantage, de 150 à 200 euros (en incluant la TVA) par an sur un total actuel de 1 511 euros. Une flambée que n’atténuera certainement pas le cours du gaz sur les marchés de gros, les importations russes devant être coupées d’ici 2027 en Union européenne. Une même Europe qui s’est engagée à acheter davantage de gaz, notamment du gaz naturel liquéfié (GNL), aux Etats-Unis dans le cadre des accords commerciaux signés cet été. Une denrée beaucoup plus chère que le gaz russe…


















