
Que vous ayez choisi un tarif réglementé par les pouvoirs publics ou souscrit à une offre qui suit les cours du marché chez un fournisseur d’électricité privé, vous n’échapperez pas aux prélèvements variés imposés par l’Etat et qui viennent sensiblement alourdir le prix final sur la facture. Outre la TVA mais aussi des taxes pour financer notre Budget et les retraites des salariés d’EDF, il existe une autre contribution moins connue, appelée "tarif d'utilisation des réseaux publics d’électricité" (Turpe). Celle-ci peut pourtant représenter entre 20 et 30% d’une mensualité.
Établi tous les quatre ans par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), ce Turpe constitue la source quasi unique de revenus des gestionnaires du réseau que sont Enedis et RTE, filiales d’EDF. Des rentrées d’argent qui leur permettent d’assumer le transport de l’électricité sur les lignes à haute tension (RTE) et sa distribution dans tout le pays (Enedis). Les fournisseurs d’énergie s’acquittent de cette sorte de péage pour ensuite le faire peser sur l’ensemble de leurs clients, entreprises comme particuliers. Pour un ménage, le Turpe représente actuellement environ 6 centimes d’euros par kilowattheure.
Enedis a réclamé une augmentation du Turpe de 18,9% pour 2025 !
Traditionnellement prévue au 1er août de chaque année, sa revalorisation (+7,7%) a été exceptionnellement avancée cette année au 1er février et d’autres hausses ces trois prochaines années seront appliquées en fonction notamment de l’inflation. Heureusement pour les consommateurs, la baisse actuelle des coûts d’approvisionnement de l’énergie va permettre d’absorber la douloureuse. Mais la sentence aurait pu être plus sévère encore, Enedis ayant réclamé une augmentation de 18,9% pour 2025 !
Comment une telle augmentation est-elle justifiée ? La CRE rappelle que RTE et Enedis doivent lourdement investir dans le cadre de la transition climatique : extension du réseau de bornes de recharge pour voitures électriques – déjà 150 000 en France –, développement des énergies renouvelables, en particulier l’éolien en mer, électrification de grands sites industriels, mais aussi rénovation du réseau électrique vieillissant… Les dépenses d’investissement doivent ainsi passer, chez RTE, de 2,1 milliards d’euros en 2023 à 6,4 milliards en 2028 et, pour Enedis, de 4,9 à 7 milliards d'euros.
L’ardoise pourrait d’ailleurs s’aggraver. Les deux gestionnaires voient déjà plus loin et prévoient de mettre sur la table près de 100 milliards chacun d’ici 2040. Encore faudrait-il que la consommation des particuliers et celle des entreprises suivent. La Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme en décembre dernier. Les Sages estiment dans leur scénario pessimiste que, faute d’une consommation suffisante d’électricité (les recettes du Turpe en sont proportionnelles) ou d’une baisse des dividendes versés à leur actionnaire EDF, le tarif du réseau pourrait bondir de 21% d’ici 2030…
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