
Tous les retraités ne sont pas logés à la même enseigne. C’est ce que vient confirmer le dernier rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, publié ce jeudi 31 juillet. En s’appuyant sur des chiffres de 2023, la Drees a passé au crible les pensions des 17,2 millions de retraités de droit direct en France. Un effectif «en augmentation de 1% par an en moyenne depuis 2020», note l’institut, qui estime ainsi que 175 000 personnes supplémentaires viennent chaque année grossir les rangs de nos retraités.
En 2023, un retraité vivant en France percevait en moyenne 1 666 euros brut par mois, «après prise en compte de l’éventuelle majoration pour trois enfants ou plus», précise l’institut. Soit 1 541 euros net, une fois les prélèvements sociaux effectués. Les carrières complètes – autrement dit, celles où la durée d’assurance tous régimes atteint au moins la durée requise pour bénéficier du taux plein – permettent logiquement de toucher davantage : 2 000 euros en moyenne.
Les anciens libéraux gagnent en moyenne 3 120 euros
Avant d’aller plus loin, précisons qu’il n’est pas question de pension de droit dérivé (la pension de réversion versée au conjoint survivant), mais bien de la pension de droit direct, celle que vous percevez en fonction de votre propre activité professionnelle et de vos cotisations. Et comme tous les retraités n’ont ni exercé les mêmes métiers, ni perçu les mêmes salaires, les écarts de pensions sont logiquement marqués selon le régime principal d’affiliation. Par exemple, même avec une carrière complète, les ex-indépendants agricoles affiliés au régime MSA non-salariés ne touchent en moyenne que 980 euros, quand les anciens indépendants en profession libérale perçoivent, eux, 3 120 euros.
Autre catégorie de retraités bien lotis : les ex-salariés qui ont cotisé aux régimes spéciaux et les fonctionnaires d’Etat (FPE). Les anciens de la SNCF, de la RATP ou encore de la Banque de France, pour ne citer qu’eux, touchent ainsi 2 800 euros brut par mois en moyenne pour une carrière complète. C’est 800 euros de plus que l’ensemble des retraités qui réunissent tous les trimestres requis. Les fonctionnaires civils de l’Etat – comme les enseignants, inspecteurs, ou préfets – ne sont pas en reste : leur pension atteint en moyenne 2 610 euros brut par mois.
La pension des femmes «est inférieure de 38% à celle des hommes»
Comme souvent en matière de revenus, les femmes, dont «le montant de la pension de droit direct (...) est inférieur de 38% à celui des hommes», sont à la traîne, note la Drees. Alors que les retraités hommes perçoivent en moyenne 2 090 euros par mois, les femmes, elles, doivent se contenter de 1 310 euros. Un gouffre qui s’explique surtout par la structure même de l’emploi féminin : carrières hachées, temps partiels subis, postes moins bien rémunérés... Autant de facteurs qui viennent mécaniquement plomber les pensions de ces anciennes travailleuses. La Drees se veut toutefois optimiste : «Cet écart diminue progressivement depuis le début des années 2000. Il était en effet de 50 % en 2004.» A ce rythme, il faudra tout de même patienter jusqu’en 2083 pour que les pensions des femmes rejoignent enfin celles des hommes.



















