
Les ZFE ne sont pas encore totalement à mettre aux oubliettes, mais pour certains elles sont déjà mortes. L'Assemblée nationale a en effet voté le 28 mai dernier en faveur de la suppression des Zones à faibles émissions (ZFE) partout en France, jugeant cette restriction trop punitive pour les Français. Sauf que ces espaces de circulation interdits aux véhicules les plus polluants ne sont pas encore officiellement supprimés et restent en vigueur dans certaines grandes villes comme à Lyon. Le texte de loi doit encore être débattu, amendé, puis validé par une commission spéciale. Et même s’il est adopté, le Conseil constitutionnel pourrait encore le rejeter à la fin du processus. En attendant, vous êtes nombreux à réagir à cette décision et vos témoignages révèlent une fracture entre urgence écologique et contraintes du quotidien. Cette potentielle fin des ZFE soulage, mais ne résout rien. La transition doit être repensée : plus juste, plus humaine, et surtout, plus en phase avec les réalités économiques des Français.
Pour Mathieu, propriétaire d’une Audi TT de 2007 utilisée à des fins professionnelles, la suppression des ZFE pourrait sonner comme une délivrance car il y en assez de tous ces contrôles. Il n’a pas les moyens de changer de véhicule et dénonce «une loi liberticide». D’autres la qualifient de «stigmatisante» comme Thierry, 71 ans et habitant le centre de Lyon : «la ZFE représente l’enfermement, la mort à petit feu. A mon âge, je ne vais pas rouler ni à vélo ni à trottinette. J’ai quand même besoin de ma voiture pour sortir de Lyon, faire mes courses lourdes, aller voir mes enfants et transporter mes petits enfants, partir en vacances…»
Plus de 6 000 euros perdus à cause des ZFE
Téo, résidant en proche banlieue de Toulouse, estime qu’il a perdu de l'argent à la mise en place de la ZFE interdisant l'entrée pour les vignettes 4 et 5. Il a été contraint de vendre sa BMW 525 Diesel de 1995 en dessous de sa valeur et d’acheter une voiture plus récente, pour pouvoir continuer à aider son beau-père centenaire en ville. Il estime sa perte financière au minimum à 6 000 euros. Au contraire, Louise voulait acheter une voiture électrique car ce dispositif ZFE avait le mérite de faire réfléchir les automobilistes sur le changement climatique. Mais comme pour beaucoup de Français, «ces aller-retour politiques» la fatiguent, elle ne sait plus quoi faire. «C'est n'importe quoi, et donc j'attends encore : ma Clio essence Critair 1 n'a que 14 ans après tout…» Catherine aussi est bien contente de repousser son projet d’achat auto. Pour elle, la ZFE doit être annulée, pour éviter de mettre des personnes dans des cases, «tu es Crit’air 3 ou 4 ou 5, tu n’as pas d’argent pour acheter un véhicule plus récent... Même si nos véhicules sont anciens, nous avons l’obligation de passer le contrôle technique tous les 2 ans et donc, de les entretenir. Le remplacement des véhicules anciens se fera naturellement avec le temps.» Hervé assume son choix de rester en diesel finalement, d'autant qu'une reprise éventuelle aurait été ridicule, pour l'achat d'une essence hybride beaucoup plus chère. Si la fin des ZFE est décidée, il dit pouvoir repenser son projet d’achat en toute quiétude d’une hybride diesel.
Si certains lecteurs rappellent que la loi n’est pas encore officiellement enterrée et qu’il reste des étapes, Olivier va plus loin et interpelle sur le fond : «Que va-t-on faire maintenant pour lutter efficacement contre la pollution ? Comment mobiliser l'ensemble de la population autour d'un objectif commun sans que cela ne soit vécu de manière discriminatoire ? Tellement d'argent a été consacré à élaborer des méthodes punitives peu efficaces voir vouées à l'échec…» De son côté, Arnaud, qui avait revu ses habitudes avec la ZFE, oscille entre soulagement et inquiétude : «J’ai redécouvert les transports et le covoiturage. Mais maintenant que les restrictions tombent, je crains que l’effort collectif s’essouffle.»
>> Ne ratez rien de l’actualité de l’automobile en vous abonnant à notre newsletter auto



















