
Le but était de rendre les choses plus simples, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le système de «flux libre» instauré depuis un an sur l’A79 est loin de satisfaire tout le monde. Le 4 novembre 2022, la société concessionnaire Aliae (filiale d’APRR), qui gère la nouvelle autoroute A79 reliant Montmarault (Allier) à Digoin (Saône-et-Loire), a lancé ce dispositif, prônant un modèle «vertueux, sûr et plus écologique». Résultat des courses, le projet est loin de rouler, selon les informations du Parisien.
Concrètement, le portique du péage enjambe l’autoroute et repère les plaques d’immatriculation, précisent nos confrères. Grâce à un badge de télépéage, les automobilistes s’acquittent du montant automatiquement. S’ils n’en possèdent pas, ils doivent payer leur dû dans les soixante-douze heures sur le site du concessionnaire en entrant leur plaque d’immatriculation et leurs coordonnées bancaires une première fois, de manière à être détectés lors de prochains trajets.
8 millions de trajets en un an
Pour les réfractaires, il est aussi possible de s’acquitter de la facture sur le site de paiement d’Aliae après chaque passage ou directement sur les aires d’autoroute sur des bornes prévues à cet effet. Si le délai de trois jours est dépassé, l’automobiliste se voit infliger 90 euros d’amende. Et elle peut grimper à 375 euros si le retard dépasse soixante jours. Du moins, en principe.
Les 180 000 personnes n’ayant pas encore payé leur dû, les 80 000 dossiers de pénalité en cours et les 600 000 «courriers pédagogiques» envoyés aux mauvais payeurs ont fait déborder le service du concessionnaire. Si bien que la société autoroutière a dû créer une cellule de crise composée de 25 personnes à temps plein. «En théorie, les gens ont soixante-douze heures pour payer, en réalité ils ont jusqu’à quinze jours, explique à nos confrères Guillaume Hérent, directeur général d’APRR. Nous avons même porté ce délai à six semaines pendant les mois de juillet et août. Par ailleurs, le badge télépéage est devenu gratuit sur l’A79 et la signalétique a été renforcée.»
Généralisation dans toute la France
Le directeur tente de relativiser : «Nous avons enregistré 8 millions de trajets en un an. Au final, les litiges ne concernent que 5 % des utilisateurs.» D’après lui, les impayés concernent surtout les automobilistes qui n’ont pas de badge. Pour fluidifier cette usine à gaz, de nouveaux dispositifs sont à l’étude, note Le Parisien, à l’instar du règlement du péage chez des commerçants locaux partenaires du concessionnaire. Et que cela plaise ou non, le système de «flux libre» est parti pour rester et s’étendre.
Comme au Portugal, en Autriche ou encore en Espagne, la France vise un aménagement général du dispositif sur les autoroutes du pays. Des portiques seront notamment implantés dès 2024 sur l’A13 et l’A14. «Toutes les nouvelles autoroutes construites en France seront dotées du système flux libre», confirme auprès de nos confrères le patron d’APRR. Mais pour éviter de réitérer la cacophonie de l’A79, les tronçons en question conserveront le paiement à la sortie.

















