Un trafic qui prend de l’ampleur et inquiète les autorités. En 2024, les saisies de miel «aphrodisiaque» ont doublé. En novembre dernier, à Marseille, les douaniers ont réalisé une prise record avec plusieurs containers de marchandises en provenance de Malaisie. A l’intérieur se trouvaient 14 tonnes de sachets de miel, contenant du Tadalafil, une molécule prescrite pour les troubles de l’érection masculine, rapporte TF1.

Nos confrères se sont rendus au centre de tri postal d’Orly, en région parisienne, où les douaniers ont inspecté de petits sachets contenant du miel présenté comme aphrodisiaque, soi-disant 100% naturel. Mais en réalité, ils contiennent des substances médicamenteuses dérivées du Viagra, interdites en France sous cette forme. «On a 3 boîtes à l’attention d’un particulier qui habite en France métropolitaine. Il y a 10 sachets, donc là, avec 30 sachets, on peut faire de la revente», explique un douanier. Une boîte, composée d’une dizaine de doses buvables, est vendue 50 euros.

Risques d’infarctus du myocarde, de malaises, de vertiges...

Derrière ce trafic se trouvent des particuliers qui cherchent à faire de l’argent facile. «C’est vraiment des particuliers lambda. C’est surtout des jeunes qui sont beaucoup sur les réseaux sociaux, qui sont attirés par ce genre de trafics qui sont peut-être moins risqués que les trafics de stupéfiants ou de contrefaçons, et qui sont aussi lucratifs», explique Lou Le Guelvouit, responsable pôle action économique des douanes.

Les revendeurs se fournissent en Thaïlande, Malaisie ou encore en Turquie et font la promotion de leur produit sur les réseaux sociaux. Mais attention, un cardiologue alerte sur les dangers de ce type de produits pour les consommateurs, notamment en raison de la présence de Sildénafil, une molécule présente dans le Viagra. Un médicament obligatoirement prescrit sur ordonnance.

Depuis le début des années 2020, les centres anti-poison signalent 15 à 20 intoxications par an liées à ces produits, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Ces sachets, souvent vendus comme des aphrodisiaques «naturels», contiennent en réalité des doses importantes de substances actives présentes dans des médicaments tels que le Viagra. «Le phénomène perdure ou s’amplifie», déplore auprès de BFMTV Sandra Sinno-Tellier de l’Anses, précisant que ces chiffres ne représentent qu’une fraction des cas réels.

Les analyses révèlent que certains sachets contiennent l’équivalent de plusieurs comprimés de ces médicaments, et certains utilisateurs consomment plusieurs doses en une journée. Ces substances provoquent un effet vasodilatateur, réduisant la pression artérielle. Or, sans suivi médical, les dangers pour la santé sont significatifs.

Des effets graves, parfois irréversibles

La majorité des victimes sont des hommes âgés de 20 à 50 ans. Si les symptômes bénins, comme des palpitations ou des maux de tête, sont fréquents, des cas sévères sont également signalés. Un homme a ainsi été admis en réanimation pour des convulsions, tandis qu’un autre a souffert d’une érection persistante (priapisme) nécessitant une intervention médicale et risquant de provoquer une nécrose pénienne.