C'est en 2019 que Motorola ressuscite le RAZR, ou plutôt le razr, une subtilité permettant de différencier les smartphones pliants des téléphones à clapet des années 2000, tels que le V3. Si les premiers modèles ont déçu, le fabricant américain a persévéré dans cette voie en faisant des efforts considérables depuis l'apparition des razr 40.

Après un razr 50 Ultra convaincant, c'est au tour de son successeur de passer sur le banc de test. Des évolutions assez notables, illustrées par un changement de puce et de son offre photo. Toutefois, le fabricant n'a, semble-t-il, toujours pas tiré les leçons de ses prédécesseurs en ce qui concerne sa durée de vie potentielle. Un point que nous vous détaillerons plus bas dans cet article. Avec ce positionnement, le smartphone de Motorola devra se mesurer aux Xiaomi MIX Flip et surtout au Galaxy Z Flip 6. Voici donc ce que nous en avons pensé.

Design : aucun bouleversement (4/5)

Motorola n'a pas apporté de grands changements à son design, hormis de nouvelles couleurs. Les deux capteurs photo sont disposés de la même manière que l'an dernier, et l'écran les entoure de façon très élégante. Notre modèle de test se pare toutefois d'un revêtement inédit en alcantara vert. Si la première impression est bonne, il faudra inévitablement passer par la case nettoyage. De la poussière et des miettes restent souvent scotchées au revêtement. Ce téléphone nécessite donc un entretien plus rigoureux.

© Quentin Lorichon pour Capital

De face, l'énorme écran de 7 pouces de diagonale est impressionnant, d'autant que le smartphone est relativement étroit. L'utilisation à une main est compliquée. On retrouve de part et d'autre les charnières conçues pour plier et déplier l'appareil. Le téléphone tient parfaitement les positions intermédiaires, rien à dire à ce sujet. Notez que l'écran de protection installé d'office ne doit pas être retiré. Celui-ci participe au bon fonctionnement du mécanisme d'ouverture. Au global, c'est un beau design, éprouvé désormais puisqu'il est très proche du modèle précédent.

Connectique : c'est tout bon (5/5)

L'appareil dispose des dernières normes en matière de connectivité, et aucune ne manque à l'appel. Rien à signaler ici.

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  • Wi-Fi 7, donnant accès aux bandes 5 et 6 GHz, permettant d'atteindre des débits supérieurs à la moyenne
  • Bluetooth 5.4, la dernière norme actuelle techniquement compatible avec le LE audio (connexion faible consommation d'énergie). En pratique, nous n'avons pas pu vérifier la compatibilité avec le codec LC3, ni avec Auracast.
  • USB-C 3.2 Gen 2, autorisant des débits théoriques jusqu'à 20 Gbit/s

Écran : deux dalles très lumineuses (5/5)

L'écran principal mesure 7 pouces de diagonale (1224 x 2912 pixels). C'est tout simplement la plus grande dalle que nous ayons vue sur un smartphone à clapet (en dehors des formats Fold). Elle est dotée d'une fréquence de rafraîchissement adaptative de 1 à 165 images par seconde (ips) afin de s'adapter au contenu affiché et pour économiser la batterie. Comme d'habitude, nous avons soumis le téléphone à notre sonde colorimétrique.

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  • Pic de luminosité SDR à 449 cd/m2
  • Pic de luminosité HDR à 2174 cd/m2

Vous ne rencontrerez aucun problème de lecture, même sous un soleil de plomb. La calibration de la dalle interne est elle aussi excellente, malgré une dérive de couleurs assez notable en dehors du mode naturel. Cette dérive, c'est le Delta E, l'écart entre les couleurs attendues et celles affichées par l'écran. En-dessous de 3, l'oeil humain n'a plus la capacité de distinguer ces écarts, on considère alors que l'écran délivre des couleurs fidèles.

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  • Mode couleurs naturelles : DeltaE moyen à 2,47 en SDR, et 4,51 en HDR.
  • Mode couleurs lumineuses : DeltaE moyen à 4,93 en SDR et 4,80 en HDR.

Nos mesures révèlent logiquement des résultats assez mauvais lorsque le mode "couleurs vives" est enclenché.

L'écran externe gagne encore quelques millimètres puisqu'il mesure 4 pouces cette année. Il servira principalement à consulter et répondre aux messages, ainsi qu'à lire l'heure. D'ailleurs, on retrouve quasiment les mêmes pics lumineux que sur la dalle interne. Toutes les applications s'affichent normalement, à l'exception de certaines d'entre elles qui ne prennent pas la totalité de l'espace. Enfin, la pliure de l'écran interne est assez discrète. En somme, le 60 Ultra délivre une prestation quasi-parfaite côté écrans.

Performances : un smartphone qui chauffe beaucoup (4/5)

Avec un SoC (puce réunissant notamment les différents processeurs) Snapdragon 8 Elite, l'appareil ne devrait avoir aucun mal à proposer une expérience fluide en toutes circonstances. C'est le cas. Toutefois, on note une tendance de l'appareil à chauffer sérieusement. Sur des applications de benchmarks ou sur des jeux vidéo tels que Delta Force : Hawk Ops, le téléphone voit sa température augmenter drastiquement. Pire encore, nous n'avons même pas pu terminer notre stress test de 20 minutes sur 3DMark. Un message d'erreur s'est affiché au bout de 5 minutes nous indiquant une surchauffe, ce qui témoigne d'un petit souci de dissipation thermique. Afin de garantir la structure de l'appareil et d'éviter tous dommages internes, nous n'avons pas pris le risque de forcer le test.

Cependant, il faut signaler que le razr 60 Ultra est le premier smartphone pliable à intégrer un Snapdragon 8 Elite. Il surpasse donc ses concurrents, encore sous Snapdragon 8 Gen 3. Malgré une puce bridée, la puissance est largement suffisante pour exécuter les applications les plus gourmandes au quotidien. Le SoC est épaulé par 16 Go de RAM, extensibles jusqu'à 32 Go grâce à l'utilisation d'une partie du stockage en tant que RAM virtuelle. Vous pouvez sélectionner le nombre de Go supplémentaires souhaité ou laisser l'IA gérer pour vous.

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Comme tout le monde en ce moment, Motorola tente d'ailleurs de se positionner sur l'intelligence artificielle via Moto AI. Il est possible de prendre des notes et de les résumer par IA, de débriefer les notifications, ou encore d'accéder à Image Studio. Il s'agit d'un ensemble de fonctionnalités permettant de générer des photos via un prompt, de créer son propre avatar à partir d'un selfie et de transformer vos esquisses en photos réalistes. Des options bienvenues et qui fonctionnent plutôt bien au demeurant, mais qui souffrent malheureusement d'une intégration encore assez timide dans l'écosystème Motorola. En outre, ces fonctions ne sont pas encore disponibles en français, il faudra se contenter de l'anglais. Par exemple, le résumé de notes, écrit en français, vous envoie le texte dans la langue de Shakespeare. Vous aurez cependant la possibilité de switcher sur Gemini, l'IA de Google, qui a déjà fait ses preuves.

Photos: un ensemble équilibré et convaincant (4/5)

Motorola abandonne cette année le téléobjectif de 50 Mpx pour le remplacer par un ultra grand-angle de même définition ouvrant à f/2.0. Il s'agit d'un équivalent 12 mm. Il prend place aux côtés d'un grand-angle de 50 Mpx à l'ouverture f/1.8. Sa longueur focale équivaut à 24 mm. Celui-ci se montre séduisant dès les premiers clichés délivrés. L'exposition est bien gérée, le piqué est appréciable et la fidélité colorimétrique se montre convaincante. On note toutefois un léger manque de détails sur les bords. De nuit, le piqué demeure suffisant et le capteur réussit à maintenir une certaine neutralité dans les couleurs. Le traitement numérique a tendance à lisser un peu trop les textures. Dans l'absolu, rien de bien dramatique, c'est juste un peu dommage de forcer les traitements quand la montée en sensibilité du capteur est aussi maitrisée. Car en effet, celui-ci génère très peu de bruit à 3200 ISO, bien moins que la plupart des concurrents. Les couleurs sont par ailleurs extrêmement bien préservées. Même à 6400 ISO, les images demeurent relativement propres. Cela signifie qu'en basse lumière, le lissage des textures et les pertes de détails dûs aux traitements d'image arriveront tardivement.

L'ultra grand-angle se montre très correct lui aussi. Le niveau de détail est suffisant au centre de l'image, et les couleurs gardent un ton naturel. Les déformations aux bords liées à l'optique sont contenues. Toutefois, on note un manque de netteté assez prononcé au fur et à mesure que l'on s'éloigne du centre de l'image. En outre, quelques aberrations chromatiques (le blanc qui vire au violet, par exemple) sont à mentionner sur certains contours. À la nuit tombée, le lissage des textures arrive de façon plus précoce que sur le module principal.

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Le smartphone est capable de filmer jusqu'en 8K/30 IPS, 4K/120 IPS ou 1080p/240 IPS pour réaliser des ralentis. Comme avec son prédécesseur, il est possible de plier de moitié le téléphone pour activer le mode caméscope. Au global, la photo est très bonne ici et le choix de l'ultra grand angle à la place du téléobjectif est payant. Notre vrai regret sera la présence de seulement deux capteurs, mais c'est aussi le cas chez la concurrence.

Autonomie : très endurant pour un pliable (4,5/5)

Souvent moins autonomes que les smartphones conventionnels, les pliants s'améliorent d'année en année. Quand le razr 50 Ultra tenait 17h42 sur notre protocole de test streaming en 4K, son successeur s'éteint désormais au bout de 22h37. Un joli score que l'on peut en partie attribuer à la hausse de capacité de la batterie, passée de 4000 mAh à 4700 mAh cette année.

Compatible charge rapide 68W, nous avons dû patienter 33 minutes pour atteindre 50% de batterie, et 1h17 pour gagner 100%. Notez que nous avons utilisé un bloc de charge de 96W d'une autre marque, mais l'appareil affichait bien la mention Turbo Power (nom de la recharge rapide) une fois le câble USB-C inséré.

Durabilité / Réparabilité : le gros défaut du smartphone (2,5/5)

Certifié IP48, l'appareil est totalement étanche à l'eau et résiste à la poussière de plus d'1 mm, ce qui évitera certains soucis. Comme tous les smartphones, le razr 60 Ultra est soumis à l'indice de réparabilité. Le mobile écope de la note générale de 8/10. Un très bon score à première vue, mais comme souvent, un petit tour sur le détail des sous-notes permet d'avoir une vision plus précise.

Ainsi, on constate que le sous-critère facilité de démontage des pièces de la liste 2 (celles qui cassent le plus souvent) est noté 4,2/10. En termes de durée de disponibilité des pièces détachées, le smartphone n'est pas le meilleur élève mais il s'en sort bien : 7,7/10 pour les pièces de la liste 2 et 7,1 pour celles de la liste 1, les pièces indispensables au bon fonctionnement de l'appareil. En somme, il vaudra mieux le faire réparer par un professionnel mais cela ne devrait pas être trop cher.

© Ministère de la transition écologique

Le principal problème de ce smartphone en matière de réparabilité est plutôt son suivi logiciel très court pour un tarif aussi élitiste. Motorola n'annonce que trois versions majeures d'Android et des patchs de sécurité pendant quatre ans. Cela signifie que passé ce délai, vous ne pourrez plus consulter vos applications sensibles en toute sécurité (banque, comptes e-commerce etc.). C'est très en-dessous de la concurrence et assez difficilement acceptable à ce niveau de prix. Dommage.

Les meilleures alternatives au Motorola razr 60 Ultra :

Samsung Galaxy Z Flip 6, le meilleur rival

Porte-étendard des smartphones pliants à clapet, le Galaxy Z Flip 6 est performant et bénéficie d'une bonne endurance. Malgré les limites de l'offre photo en comparaison des Galaxy S, son tarif a beaucoup baissé depuis sa commercialisation.

Xiaomi Mix Flip, l'autre alternative abordable

Le téléphone à clapet de Xiaomi bénéficie d'une offre photo appréciable, d'écrans bien calibrés et d'un design intéressant. L'absence totale de certification d'étanchéité est cependant un vrai problème.

Conclusion

Le razr 60 Ultra est un smartphone pliable très réussi. Motorola peaufine la recette de ses prédécesseurs et apporte des améliorations appréciables par petites touches. Le manque d'un troisième objectif fait toujours tache à ce prix, mais le volet photo est dans l'ensemble satisfaisant. Les deux écrans sont très lumineux et offrent une lisibilité parfaite en plein soleil. De même, le calibrage de la dalle interne est maîtrisé. Le Snapdragon 8 Elite, malgré une chauffe importante, offre une expérience fluide pour n'importe quelle utilisation et de belles performances. Toutefois, l'engagement insuffisant de la marque en termes de suivi logiciel est LE défaut qui vient un peu tout gâcher. Quand les concurrents Samsung et Google promettent sept ans de mises à jour, il est difficile de recommander le razr 60 Ultra et ses 4 ans de mise à jour de sécurité. C'est bien trop léger pour un smartphone premium et c'est d'autant plus dommage qu'il surpasse la concurrence dans bien des domaines. Il aurait pu devenir le meilleur smartphone à clapet du marché... Heureusement, la marque peut encore corriger le tir en revoyant sa durée de suivi.

Design : 4/5

Connectique : 5/5

Écran : 5/5

Performances : 4/5

Photos : 4/5

Autonomie : 4,5/5

Réparabilité : 2,5/5

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