
375 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle en France après les crues de ce mois d'octobre qui avaient durement touché le Sud et le Centre-Est du pays. Et encore, ce ne fut qu'un des épisodes désastreux d'une année 2024 particulièrement pluvieuse. Paris est resté épargnée, ne déplorant que quelques stations de métro inondées par les eaux de pluie. Mais la menace d'une crue historique comme celle de 1910 plane au-dessus de la capitale. C'est la Métropole du Grand Paris, une intercommunalité de 131 communes et 7,2 millions d'habitants, qui est en charge depuis 2018 de la Gestion des Milieux Aquatiques et de la Prévention des inondations (dite GEMAPI). Didier Gonzales, maire de Villeneuve-le-Roi et conseiller GEMAPI, nous explique le plan d'action pour contenir la Seine.
Capital : Quel bilan tirez-vous du mois d’octobre dernier, particulièrement pluvieux ?
Didier Gonzales : Il faut distinguer deux choses. Certaines communes ont été inondées à cause des ruissellements provoqués par les fortes précipitations. C'est un phénomène contre lequel on peut lutter en désimperméabilisant les sols et en créant des zones de stockage temporaire dans la voirie, par exemple. Et il y a les inondations dues aux crues des fleuves, ce qui est complètement différent. Elles surviennent quand le niveau du cours d'eau monte brutalement et finit par déborder. Sur ce plan-là, Paris a été épargné au mois d’octobre dernier. J’y vois la preuve de l’efficacité de notre gestion centralisée et très en amont de la Seine, en collaboration avec les syndicats de rivière. Mais nous cherchons à améliorer le dispositif dans l'hypothèse, un jour, où tous les affluents se retrouveraient avec un pic de crue au même moment. C'est ce qui s'est passé lors des inondations historiques de 1910.

En quoi consiste votre système de prévention ?
Il y a en premier lieu l’établissement public la Seine Grand Lacs qui gère quatre grands lacs réservoirs : Der, Orient, Amance-Temple et Pannecière, dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté. Ils permettent de réguler le débit de la Marne, la Seine, l’Aube et l’Yonne en retenant l’eau lors des crues. Ils sont en mesure de stocker 830 millions de mètres cubes et pourraient diminuer de 70 cm le niveau de la Seine en cas de crue centennale dans Paris intra-muros.
Vous avez aussi incité les agriculteurs à accepter des inondations...
Oui, nous signons des conventions avec des chambres d’agriculture pour que les agriculteurs acceptent que leurs terres soient sur-inondées lors des crues sur un temps assez court, moyennant un dédommagement de 1000 euros par hectare. On appelle cela des zones d’expansion des crues (ZEC). Et c’est d’une grande aide pour passer les pics. Nous gérons aussi 100 kilomètres d'ouvrages de digues le long de la Seine pour empêcher la pénétration de l'eau. Chaque département avait son propre système de protection avec des vérins, des planches et du plâtre ou même des sacs de sable. Nous sommes en train d'unifier le tout.
Et ce projet de grand bassin de rétention, quand entrera-t-il en fonction ?
L’inauguration est prévue pour le mois de février 2025. C’est un bassin immense, en Seine-et-Marne, qui va nous permettre d'agir directement sur la Seine. Il pourra stocker 10 millions de mètres cubes. De quoi diminuer le niveau des crues jusqu’à 15 cm en aval. Nous l’avons financé à hauteur de 39 millions d’euros sur un budget total de 114 millions d’euros. Si les conditions exceptionnelles de 1910 venaient à se reproduire aujourd'hui, nous serions bien mieux armés pour y faire face. Mais j'ai surtout envie d'insister sur la nécessité d'avoir une vision globale. Il ne s'agit pas uniquement de prévenir les inondations, il faut aussi mieux gérer les milieux aquatiques. Cela suppose d'entretenir et de surveiller les cours d'eau toute l'année. Ce qui nous permettra également d'éviter au maximum qu'ils deviennent secs l'été.



















