Onze blessés sur un vol Lufthansa en novembre dernier, atterrissage d’un Boeing d'Air Europa à la suite de turbulences en juillet 2024 ou encore plusieurs blessés et un mort sur un vol de Singapore Airlines un mois plus tôt… Dans ce dernier cas, l’avion avait chuté de 1 800 mètres en quelques minutes. Ces phénomènes sont de plus en plus récurrents, le dernier en date ayant eu lieu sur un vol Delta Airlines reliant Salt Lake City à Amsterdam la semaine dernière. Des personnes ont été projetées au plafond en même temps que leurs plateaux-repas, un passager évoquant même un tremblement de terre, souligne CNN.

Une turbulence est un phénomène météorologique imprévisible pour un pilote. Chaque année, il y en a des dizaines de milliers, mais de plus ou moins grande importance. Selon nos confrères américains, rien qu’aux Etats-Unis, les turbulences ont provoqué 200 blessures graves entre 2009 et 2024, même si le fait de porter une ceinture de sécurité réduit les risques. Toutefois, à mesure que la planète se réchauffe, elles risquent de s’aggraver. Et ces turbulences suivent certains schémas.

Les Alpes dangereuses en Europe

C’est ce qu’explique à CNN Ignacio Gallego Marcos, fondateur de Turbli et expert en dynamique des fluides computationnelle. En analysant plus de 10 000 trajectoires de vol, croisées avec les données de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique et l’agence météorologique britannique, il a pu établir les routes les plus à risque. En 2024, la plupart des liaisons risquées se trouvaient en Amérique du Sud et en Asie ainsi que dans l’océan Indien. La plus à risque reste celle reliant Mendoza en Argentine à Santiago au Chili. Longue d’environ 200 kilomètres, elle survole de nombreuses chaînes de montagnes, dont les Andes.

Ces dernières sont d’ailleurs de grands obstacles immobiles qui modifient le flux d’air et créent donc des turbulences. En Europe par exemple, les routes les plus dangereuses sont celles passant au-dessus des Alpes, en France, en Italie et en Suisse. En Afrique, certains axes sont très risqués : Abidjan (Côte d’Ivoire) à Nairobi (Kenya), Cape Town à Durban en Afrique du Sud ou encore Addis-Abeba (Ethiopie) à Antananarivo (Madagascar). La situation est également délicate sur certaines routes en Océanie, en Australie, en Nouvelle-Zélande et vers certaines îles.

Les turbulences graves vont tripler

Si les montagnes ont un impact crucial, ce n’est pas la seule raison. La turbulence en air pur est également très dangereuse lorsque des mouvements d’air se déplacent rapidement dans l’atmosphère. Un type de turbulence «dangereux parce qu’il est difficile à détecter et à prévoir», résume un membre de l’UK Met Office. Une des routes les plus dangereuses rencontrant ce phénomène, où différentes températures se rencontrent, se trouve au Japon, entre Natori et Tokoname. Enfin, entre le Népal et la Chine, de nombreuses zones posent également problème. D’ici la fin du siècle, les turbulences suffisamment fortes pour causer des blessures devraient s’aggraver, et même tripler à l’échelle mondiale. La résurgence des tempêtes et autres cyclones n’aide en rien le domaine de l’aviation.

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