La crise des matières premières que nous connaissons aujourd’hui est-elle inédite ?

Philippe Chalmin : Depuis les années 2008-2012, nous n’avons pas connu un tel climat de fébrilité. Dès que surviennent des problèmes en ce bas monde, les marchés de matières premières sont les plus perturbés et ont tendance à accentuer les tensions géopolitiques et géo-économiques de la planète… Cette fois, la situation est assez exceptionnelle : la guerre éclate alors même que les cours avaient connu un extraordinaire rebond en 2021, après la pandémie. La crise ukrainienne intervient comme une étincelle supplémentaire sur un baril prêt à exploser.

Quelles sont les répercussions les plus inquiétantes ?

Selon moi, le véritable choc est celui de l’énergie. L’Europe a sciemment construit sa dépendance envers la Russie et la paie aujourd’hui. Le prix du gaz naturel a fluctué entre 5 à 10 euros le mégawatt ces dix dernières années. En 2021, il a commencé à augmenter pour culminer à 160 euros début décembre, ce qui nous paraissait déjà totalement insensé. Le 7 mars dernier, il a atteint 340 euros en séance, les marchés anticipant la fermeture des robinets russes, c’est vous dire la période de folie que nous vivons…

Cette hausse a des répercussions multiples. D’abord, elle entraîne mécaniquement une augmentation du prix de l’électricité car, dans le système européen, sur le marché libre, il est déterminé par le prix du dernier kilowattheure de la dernière centrale appelée, généralement une centrale au gaz. Ensuite, elle provoque une flambée du prix des engrais, une bonne part étant obtenue à partir d'ammoniaque donc de gaz naturel.

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