C’est un club qui commence à peser. L’alliance des pays pro-nucléaires se réunit ce mardi 16 mai à Paris. Plus question de se voir à la sauvette en marge des Conseils des ministres de l’énergie de l’Union européenne, comme ce fut le cas lors des deux premières assemblées en février et en mars. Il s’agit pour la première fois d’une journée dédiée au nucléaire entre pays qui ont décidé de relancer leur filière.
Mais surtout, c’est une démonstration de force et une opération de lobbying vis-à-vis de Bruxelles. Car le groupe est bien décidé à défendre ses intérêts face au camp très actif des nucléo-sceptiques mené par l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg. Le message a visiblement été entendu puisque la commissaire européenne à l'Énergie Kadri Simon prend la peine de se déplacer en personne à Paris. Au même moment, à l'Assemblée nationale, nos députés devraient adopter définitivement le projet de loi sur l'accélération des procédures de construction de nouvelles installations nucléaires. Le timing est donc parfait.
16 pays en force
A la manœuvre depuis le départ, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. C’est elle qui a lancé cette alliance informelle le 28 février dernier, elle encore qui a initié cette rencontre à Paris. Avec un certain succès, il faut le dire. Au départ, le groupe ne comptait que onze membres. Il en totalise désormais 15 avec la France. Les membres officiels sont la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, l’Estonie, la Finlande, la Hongrie, les Pays-bas, la Pologne, la Roumanie, la Slovénie, la Suède et la Slovaquie. L’Italie vient en tant qu’observateur, tandis que le Royaume-Uni a été convié pour un retour d’expérience sur le chantier des réacteurs de nouvelle génération de Hinkley Point.
“Tous les pays de cette alliance n’ont pas forcément une position commune sur tous les textes européens. Ce qui nous rassemble, c’est une vision et des intérêts communs sur le fait que l'énergie nucléaire fasse partie de la solution pour décarboner le système électrique mais aussi garantir l’indépendance et la sécurité énergétique européenne”, détaille le cabinet de la ministre Agnès Pannier-Runacher.
Trouver des économies d’échelle
Plus concrètement, l’objectif est de trouver des synergies et des économies d’échelle sur la formation, l’innovation, le financement ou encore la sûreté nucléaire. L’idée est aussi d'œuvrer à une plus grande indépendance vis-à-vis de Moscou. Plusieurs pays sont en effet équipés de réacteurs russes, sans compter que les importations en uranium enrichi continuent en Europe malgré la guerre en Ukraine.
La France a déjà tiré un bénéfice très concret de cette alliance, obtenant une minorité de blocage en faveur du nucléaire lors des discussions sur la directive des énergies renouvelables cet hiver. La solidarité devrait à nouveau jouer à plein sur d’autres textes structurants à venir comme la régulation du marché de l’électricité ou le plan “net-zero industry act”. “Les liens politiques sont devenus très importants entre ces pays, cela nous donne une force que nous n’avions pas ces dernières années”, fait observer le cabinet de la ministre qui entend continuer à réunir le petit groupe très régulièrement. Une prochaine date est d’ores et déjà fixée le 19 juin à Luxembourg.
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