Ce vendredi matin de septembre, sur les coups de 11 heures, les vendeurs de fruits et légumes terminent de remballer leurs marchandises. Sous les longues halles couvertes, des montagnes de pastèques géantes, des caisses de tomates et des cartons de figues fraîches n’ont pas trouvé preneur parmi les visiteurs venus s’approvisionner au petit matin, vendeurs sur les marchés ou restaurateurs. Pourquoi ne pas écouler cette marchandise premium via Internet?

La question est éludée par la plupart. Un ou deux grossistes reconnaissent sous cape qu’ils vendent leurs produits à des intermédiaires qui eux-mêmes fournissent des start-up de livraison de courses parisiennes, ou des traiteurs livreurs nouvelle génération comme Frichti ou FoodChéri. Mais la plupart des marchands, derrière leur comptoir où ils écrivent à la main les commandes sur un calepin, écarquillent les yeux quand on leur parle d’e-commerce: ce n’est pas leur business.

Le plus grand marché au monde est un univers a priori éloigné de l’économie numérisée. Avec un chiffre d’affaires cumulé dépassant les 10 milliards d’euros, en croissance, Rungis surfe pourtant sur l’engouement moderne pour le bien-manger et les produits frais. Le marché essaie bien, depuis 2017, de se convertir au Web, mais sans grand succès pour le moment. La société gestionnaire de ce marché d’intérêt national (MIN), baptisée Semmaris (et détenue à un tiers par l’Etat, mais aussi par la ville de Paris, le département du Val-de-Marne ou la Caisse des dépôts), a investi 4,1 millions d’euros en trois ans dans un site d’e-commerce qui n’a enregistré que 1 million d’euros de recettes dans le même temps, et dont la valeur a été dépréciée de 2,4 millions d’euros dans les comptes de 2020.

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