
Nouvelle mobilisation à la SNCF ce jeudi 21 novembre dans un contexte social chargé. Pour les voyageurs inquiets d’un potentiel impact sur le trafic ferroviaire, SNCF Voyageurs a prévenu qu’il sera «quasi normal sur les TGV», également à noter «quelques perturbations sont à prévoir sur certaines lignes régionales». Mais pourquoi les agents se mobilisent-ils ? Dans un communiqué plusieurs syndicats, la CGT-Cheminots, l'Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots ont prévenu que cette journée de grève serait «un ultimatum» avant un mouvement de grève «plus long et plus fort en décembre» si le gouvernement et la SNCF ne répondent pas à leurs revendications. Plusieurs combats sont portés par l’intersyndicale.
Les grévistes dénoncent notamment «la liquidation de Fret SNCF» mais aussi «la privatisation dans les activités TER, Transilien et Intercités» ainsi que «l’éclatement de SNCF Réseau» sous l'effet de l'ouverture à la concurrence. Pour rappel, le Fret SNCF, entreprise leader du fret ferroviaire (transport de marchandise par rails) en France, doit disparaître le 1er janvier 2025. Sous la contrainte de la Commission européenne, qui parle de concurrence déloyale, l’entreprise sera alors divisée en deux sociétés distinctes : Hexafret pour le transport de marchandise, et Technis pour la maintenance des locomotives.
Pas de grève en vue pour CFE-CGC FERROVIAIRE
Pour CFE-CGC FERROVIAIRE, pas question de faire grève ce 21 novembre, ni même en décembre. Et pour cause : «le contexte économique national actuel, et même dans un climat géopolitique aussi dur», justifie Robert Saez, président du syndicat du personnel encadrant qui représente les agents de maîtrise et cadres du secteur ferroviaire.
Le spécialiste du secteur ferroviaire précise que le syndicat partage «les revendications sur la concurrence et le démantèlement du Fret SNCF, qui relève de l’ineptie, mais qu’il s’agit d’une décision émanant de Bruxelles». Toutefois, Robert Saez s’interroge : «Cette décision sur le Fret SNCF était connue depuis longtemps, alors pourquoi choisir cette date du 21 novembre ou même annoncer une mobilisation avant Noël, d’autant que les revendications ne sont pas nouvelles ?»
CFE-CGC FERROVIAIRE rappelle que le choix initial du 21 novembre n’était peut-être pas anodin : cette date coïncidait avec une réunion prévue du comité de groupe de la SNCF, où Jean-Pierre Farandou, PDG de l’entreprise, devait être présent aux côtés des organisations syndicales. « Pourtant, cette réunion a été annulée et reportée au mois de janvier. Notre syndicat a donc du mal à comprendre cette date », conclut Robert Saez.
Des grèves SNCF qui ne font pas l’unanimité
Messages sur les réseaux sociaux, complaintes dans les gares… Ces mouvements sociaux ne font pas toujours l’unanimité auprès de certains usagers qui dénoncent «une prise d’otage» en usant du droit de grève à des dates stratégiques, comme les fêtes de Noël. Certaines personnalités politiques contestent ainsi l’usage de ce droit pendant les vacances scolaires pour assurer la continuité du service public.
Le 13 novembre 2024, le sénateur des Alpes-Maritimes, Philippe Tabarot (LR), a demandé à l’actuel ministre des Transports, François Durovray, de reprendre une proposition de loi du Sénat sur l’encadrement du droit de grève dans les transports. Pour Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de SUD-Rail, le débat n’est pas là. Interrogé sur Franceinfo le 17 novembre, le syndicaliste estime qu’«on se focalise pour faire peur aux Français en disant "attention les cheminots font grève à Noël" pour escamoter le débat sur la privatisation de la SNCF». Il rappelle également que la mobilisation est aussi coûteuse pour les agents. «On perd de l'argent quand on fait grève», mentionne le délégué syndical de Sud Rail.



















