
Les finances de la Tour Eiffel sont dans le rouge. Un constat étonnant pour le monument parisien, pourtant fréquenté par 6,3 millions de visiteurs l’année dernière, mais mis en exergue par le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) d’Île-de-France publié le 10 octobre. Symbole de la capitale, et de la France à plus grande échelle, la Tour Eiffel est également un enjeu majeur pour la Ville de Paris qui en est propriétaire. Toutefois, sur la période 2020-2024, la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE) a perdu 305 millions d'euros, notamment à cause de deux facteurs.
Le premier est lié aux fermetures pendant la crise sanitaire, se traduisant par des pertes financières de l’ordre de 149 millions d’euros, et l’autre, le renforcement des normes de protection contre l’exposition au plomb. Les travaux d’entretien de la Dame de fer coûtent également très cher. «La dernière campagne a attendu 14 ans pour se faire, ce qui fait qu'on a eu un état de corrosion du métal qui constitue la tour Eiffel qui était bien au-delà de ce qui était attendu», a expliqué à TF1 l’architecte au sein du cabinet ENSAPVS, Boris Weliachew. Conséquence, la repeindre coûte encore plus cher !
Des travaux coûteux, une masse salariale en hausse
Parmi les facteurs ayant pesé sur les finances de la SETE, il y a surtout la fréquentation. Alors qu’elle s’attendait à dix millions de visiteurs en plus, la société d’exploitation a connu un manque à gagner en matière de recettes de billetterie de l’ordre de 155,07 millions d’euros. Dans son rapport, la Chambre régionale des comptes pointe aussi du doigt les «découvertes multiples d'erreurs de conception ou de réalisation» et des «données techniques historiques erronées concernant les caractéristiques physiques de la structure de la tour».
Parmi les éléments les plus coûteux, on peut citer la rénovation de l’ascenseur qui a coûté deux fois plus cher que prévu. Outre la vétusté et l’affluence en baisse, le rapport pointe du doigt la masse salariale qui a grimpé de 31% depuis 2020 et des salaires qui ont augmenté de 17% en moyenne. La CRC note aussi que 79 postes ont été créés en huit ans. «On a une volonté d'augmenter les agents d'accueil pour augmenter la fluidification du parcours et la réduction des temps d'attente», justifie auprès de TF1 Jean-François Martins, président de la société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE).
Nouvelle augmentation du prix du billet ?
Selon lui, l’enquête de satisfaction menée en 2025 «montre que 96% des visiteurs sont satisfaits de leur visite à la tour Eiffel», se réjouit-il encore pour expliquer ces hausses d’effectifs. Parmi ses préconisations, la Chambre régionale des comptes recommande d’augmenter le prix des billets. Mais la SETE refuse déjà, rappelant que les tarifs ont déjà augmenté (de plus de 20%) en juin 2024. Pour rappel, il faut payer 36,10 euros pour visiter le monument français. Ce nouveau modèle économique doit générer 139,43 millions d’euros en recettes de billetterie, mais il doit être conditionné à la maîtrise de la masse salariale, met en garde l’institution.


















