Anna, 27 ans, ne s’attendait pas à être draguée sur LinkedIn par la DGSE, la Direction générale de la sécurité extérieure. Cette ingénieure data d’une entreprise privée de l’ouest de la France n’avait pas l’intention de lâcher son boulot, ni le confort de son quotidien. Mais la curiosité a balayé ses réticences. «Je me suis engagée dans ce processus de recrutement sans être absolument déterminée à aller jusqu’au bout», précise la jeune femme. L’envie de sortir de la routine a fait le reste. Depuis un an, elle fait du traitement de données au sein de la direction technique et de l’innovation de «la Boîte» – c’est le petit nom que lui donnent ses employés.

Alix*, 25 ans, a rallié, elle, la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), les espions de la Douane, depuis une petite année. C’est un stage de six mois, à l’issue de son master sécurité et défense, qui l’a amenée là, dans ce lumineux bâtiment de verre d’Ivry-sur-Seine (94). «J’ai postulé sur le site pass.gouv.fr de la Fonction publique, qui propose des postes d’apprentis et de stagiaires», rapporte-t-elle. Son boulot à la Direction du renseignement, elle l’adore, évoquant «la défense des intérêts de la nation», «la lutte contre le crime organisé et les trafics», «l’impact sur le territoire national» dans un «service à taille humaine» (850 douaniers et contractuels).

Une compétition farouche avec le secteur privé

Anna et Alix. Deux profils comme les services de renseignement français en cherchent par centaines. Deux parcours qui illustrent à quel point les maîtres espions, pour dénicher leurs futurs collègues, copient désormais les méthodes des entreprises. Ciblage direct des talents les plus recherchés, stages de longue durée, forums métiers, interventions dans les écoles, offres d’emploi postées sur leurs sites, sur les plateformes Welcome to the Jungle et JobTeaser ou sur leurs pages LinkedIn: tous les moyens sont bons pour attirer et séduire ces pépites convoitées par les experts du renseignement, mais aussi par les entreprises publiques et privées.

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