
Avant d’être censuré par l’Assemblée nationale, le 4 décembre, le gouvernement de Michel Barnier a publié un arrêté fixant les nouveaux barèmes de MaPrimeRénov’ pour 2025. Cette aide publique à la rénovation énergétique diminuera considérablement si le ménage souhaite acquérir un moyen de chauffage au bois. Tous les équipements sont touchés par cette baisse d’environ 30%, qu’ils s'agissent d’inserts, de poêles ou de chaudières, et qu’ils fonctionnent grâce à des bûches ou aux granulés à bois. L’arrêté s’appliquera aux demandes déposées à compter du 1er janvier 2025, si bien que celles opérées jusqu’au 31 décembre 2024 seront soumises à la réglementation actuelle, bien plus généreuse.
Ce n’est pas la première fois que les aides au chauffage au bois sont rabotées. Au 1er avril 2024, Christophe Béchu, alors ministre de la Transition écologique, avait acté une première diminution de 30%. Si bien qu’au 1er janvier 2025, les aides MaPrimeRénov’ pour le chauffage au bois auront été divisées par environ deux en moins d’un an. «Cette diminution tendancielle s’explique d’abord par une question budgétaire puisque les pôles à bois constituent le premier geste de rénovation, devant la pompe à chaleur», détaille Audrey Zermati, porte-parole d’Effy, entreprise de rénovation énergétique.
Le poêle à bois devance la pompe à chaleur
Selon le dernier bilan de l’Agence nationale pour l’habitat (Anah), environ 78 000 poêles à bois ont été financés au troisième trimestre 2024, contre 51 000 pompes à chaleur. Les systèmes dits «biomasses» représentent ainsi 27% des changements de système de chauffage, qui eux-même constituent 77% des aides dits par «geste» (un seul poste de rénovation). Rien de plus logique, poursuit Audrey Zermati : «Le bois, qui est l’énergie de chauffage la moins chère, a été perçu comme le meilleur moyen d’abaisser les factures d’électricité.»
Dans une logique d’économie, l’exécutif a donc taillé dans les dépenses les plus coûteuses pour l’Etat. Comme vous pouvez le constater dans le tableau ci-dessus, les ménages très modestes (voir les barèmes ici) souhaitant acheter une chaudière à granulés sont les premières victimes de ce coup de rabot, la subvention MaPrimeRénov’ passant de 7 000 euros à 5 000 euros (-28,6%). Pourtant, ce genre d’équipement «coûte entre 15 000 et 20 000 euros», précise Audrey Zermati.
Heureusement, les acteurs de la rénovation énergétique abondent cette subvention via des certificats d’économie d’énergie (CEE) bonifiés (via le dispositif du «coup de pouce chauffage»)
Chez Effy, pour cette même chaudière, les CEE grimpent à 4 450 euros, soit 9 450 euros d’aides au total. Baisse proportionnelle oblige, ce sont paradoxalement les ménages les plus riches qui souffrent le moins de cette baisse. La subvention pour la pose d’un insert de cheminée passera par exemple, au 1er janvier, de 600 à 500 euros, soit seulement 100 euros de rabotage.
Inciter aux travaux d’ampleur
Cet arbitrage budgétaire est pourtant jugé «équilibré» par la ministre du logement démissionnaire, Valérie Létard. «Une baisse de 50% devait être actée, mais nous avons écouté la filière bois. Ce n’est pas parfait mais c’est un effort supplémentaire de l’Etat pour continuer à développer une énergie non-émettrice de CO2 et peu chère, donc favorable au pouvoir d’achat des ménages», poursuit-elle.
Les ménages souhaitant bénéficier d’une meilleure prise en charge de leur travaux, notamment s’ils souhaitent acquérir un système de chauffage au bois, pourront cependant se tourner vers les rénovations dites «accompagnées». Leur niveau de prise en charge, très généreux, ne sera raboté que pour les ménages les plus riches. Les foyers les plus pauvres vivant dans une passoire thermique pourront donc encore bénéficier d’une prise en charge de 90% du montant hors taxes de travaux. «Nous nous sommes battus pour cette stabilisation, se félicite Effy. Au troisième trimestre, on a dénombré autant de rénovations d’ampleur qu’au cours des deux trimestres précédents. On espère désormais que les futurs arbitrages budgétaires du début d’année prochaine ne cassent pas cette dynamique.»




















