Connaissez-vous cet adage, «Sell in May and go away» («vends en mai et va-t'en») ? Ces mots ressurgissent à chaque printemps dans les conversations des investisseurs, note BFM Bourse. Le dicton, dont l’origine remonterait au moins à 1935 selon le Financial Times, invite à sortir des marchés dès le mois de mai, avant d’y revenir à l’automne. Pourquoi ? Parce que l’été serait moins favorable aux actions, du fait notamment d’un désengagement saisonnier des investisseurs. Mais cette stratégie ancestrale tient-elle encore la route à l’heure des marchés mondialisés et des algorithmes de trading ?

Derrière le dicton, un phénomène connu sous le nom d’«effet Halloween». De nombreuses études ont observé une meilleure performance des marchés boursiers entre novembre et avril. Une recherche titanesque menée par les professeurs Zhang Yi (Nottingham University Business School en Chine) et Ben Jacobsen (TIAS Business School aux Pays-Bas), portant sur 114 marchés et plus de 300 ans de données, confirme ce biais saisonnier. Ils concluent que la stratégie «vendre en mai» surperforme de 4 % celle du «buy and hold» (acheter et conserver). Et les chiffres semblent parler d’eux-mêmes : une performance annualisée de 9 % contre 7,4 % pour la stratégie passive, selon une analyse de Deutsche Bank.

Au cours des dix dernières années, cette stratégie a échoué 7 fois sur 10

Mais ces moyennes flatteuses masquent une réalité plus contrastée. La même Deutsche Bank rappelle que dans 24 des 38 dernières années, cette stratégie aurait été moins rentable que de simplement conserver ses actions. Elle n’a réellement brillé que lors de rares pics exceptionnels comme en 1998 ou 2022. Et au cours des dix dernières années, elle a échoué sept fois sur dix. En 2024, si vous aviez suivi l’adage, vous auriez essuyé une perte de 1,6 %.

En diversifiant avec des obligations européennes, les résultats s’améliorent certes légèrement, avec une performance annualisée de 11 % depuis 1998. Mais là encore, cette stratégie ne surpasse celle du «buy and hold» que 13 années sur 27. Quant au marché américain, même constat : l’approche «Sell in May» a échoué dans 30 des 52 dernières années. Alors, vendre en mai ou pas ? Pour Deutsche Bank, le jeu n’en vaut pas la chandelle : «Autant tirer à pile ou face», ironisent ses analystes. A vous de juger si la pièce mérite d'être lancée.

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