L'heure de remonter dans le wagon ? Après avoir connu une ascension fulgurante entre 2023 et 2024 (156% de progression en deux ans), les actions des «7 Magnifiques» ont connu des montagnes russes depuis le début d'année. Ces sept géants de la tech américaine (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, Nvidia et Tesla), qui surfent sur la tendance de l'intelligence artificielle, ont d'abord connu une chute en janvier, avec l'apparition de l'IA chinoise DeepSeek, puis de nouveau en avril, comme toutes les Bourses mondiales, suite aux annonces de Donald Trump sur les droits de douane.

Mais passé cette zone de turbulence, les cours de ces mastodontes semblent déjà repartis vers les sommets : «Les "Magnificent 7" ont enregistré un fort rebond en mai, après une période temporaire de sous-performance plus tôt cette année», note Raphaël Thuin, directeur des stratégies de marchés de capitaux chez Tikehau Capital, sur LinkedIn. Un ETF composé de ces sept valeurs ("Roundhill Magnificent Seven") a par exemple progressé de 36,86% le mois dernier. Et les perspectives sont encourageantes pour Raphaël Thuin, «compte tenu de la poursuite des investissements à long terme dans le secteur de l'IA». En prime, certaines de ces sept sociétés présentent des valorisations «devenues plus attrayantes», en raison de leur baisse de janvier et avril, «ce qui présente, à notre avis, des points d’entrée attrayants dans la prochaine phase de croissance du secteur», conclut-il.

Des valeurs qui restent chères, dans un contexte économique chahuté

Pour Gabriel Karaboulad, directeur adjoint des investissements chez Neuflize OBC, il est toutefois difficile aujourd'hui d'investir indistinctement dans ces sept valeurs, qui ne forment plus selon lui un tout homogène : «Les actions d'Apple, Microsoft ou Alphabet (maison-mère de Google, NDLR) présentent en effet des valorisations attractives grâce aux baisses subies cette année. A l'inverse, les actions de Meta et Nvidia présentent des niveaux de valorisation neutres, nous ne les recommandons pas à l'achat. Enfin le cours de Tesla est tellement lié aux péripéties entre Donald Trump et Elon Musk que nous préférons nous en tenir à l'écart.» Même son de cloche pour Alexandre Baradez, analyste Marché pour la société IG : «Il faut manier les actions américaines avec précaution, le creux de valorisation a été gommé, et elles sont redevenues chères, malgré la chute du mois d'avril.» L'action Nvidia, par exemple, a pu dégringoler jusqu'à 94 dollars le 4 avril, et se négocie aujourd'hui 142 dollars, au-dessus de son niveau du 2 janvier (138 dollars).

En outre, si les dépenses d’investissement dans l'IA devraient atteindre 333 milliards de dollars en 2025, «soit plus du double des niveaux pré-ChatGPT», note Raphael Thuin, les perspectives pour le reste de l'économie ne sont pas au beau fixe. «Les prévisions de croissance dans le monde et aux Etats-Unis sont revues à la baisse, or les 7 Magnifiques sont très exposés au commerce international. Les taux directeurs n'ont également toujours pas baissé outre-Atlantique, ce qui pénalise l'investissement des entreprises, en particulier dans le secteur de l'innovation. Sans parler de la question de la guerre commerciale, qui n'est pas encore terminée», tempère Alexandre Baradez. Selon l'analyste, «il faut avoir ces valeurs en portefeuille», mais il n'est peut-être pas pertinent de se lancer ou de renforcer ses positions sur ces actions.