Pour les épargnants, c'est un épouvantail : selon un sondage Odoxa pour Capital, 58% des Français ne souhaitent pas que leur épargne soit mobilisée de force pour financer le secteur de la défense. L'idée de flécher une partie de leurs bas de laine vers les 4 500 entreprises de notre Base industrielle et technologique de défense (BITD) faisait en effet partie des pistes à l'étude à Bercy. En particulier, les épargnants craignaient que l'Etat fasse le choix de puiser dans leurs Livrets A, sur lesquels ils détiennent un trésor de guerre de 442,5 milliards d'euros.

«L'idée est de multiplier les opportunités d'investir pour ceux qui le souhaitent uniquement.»

Il faut toutefois rappeler que le gouvernement n'a aucun moyen légal de «se servir» sur ces livrets réglementés (Livret A, LEP, LDDS…). En revanche, une partie de leur encours, détenue par les banques - et servant déjà à financer les TPE et PME - aurait pu être orientée spécifiquement vers les entreprises de la défense. Il n'en sera finalement rien, puisque cela reviendrait à mobiliser une partie de l'épargne des Français sans leur consentement, ce qu'a réfuté le ministre de l'Economie et des Finances, Eric Lombard, jeudi 20 mars, à l'occasion de la journée de concertation sur le financement de l'industrie de la défense : «L'Etat ne fera jamais main basse sur l'épargne des Français. L'idée est de multiplier les opportunités d'investir pour ceux qui le souhaitent uniquement.»

Pour ce faire, le ministre a évoqué des placements de long terme : l'assurance vie, le plan épargne retraite (PER), le plan d'épargne en actions (PEA) ou encore les dispositifs d'épargne salariale, comme les plans d'épargne entreprise (PEE) ou les PER collectifs. A l'intérieur de ces produits, les épargnants pourront investir dans des fonds d'investissement fléchés vers le secteur de la défense, que «les grands réseaux bancaires, les grands réseaux d'assurance, vont mettre à disposition [...] pour celles et ceux qui le souhaitent», a précisé Eric Lombard ce jeudi matin sur plateau de TF1. Autrement dit, c'est via les unités de compte (UC) de leurs contrats que les investisseurs volontaires pourront financer le secteur militaire.