C’est la question qui agite l’opinion et le débat public. Les propositions de hausses de taxes et d’impôt sur les plus riches pleuvent à l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen du budget et du budget de la Sécurité sociale pour 2026, motivées par le niveau de la contribution des foyers fiscaux du sommet de la pyramide jugé insuffisant par de nombreux parlementaires. Taxe Zucman, hausse de la flat tax, taxe sur les holdings, impôt sur la fortune improductive… Autant de mesures qui se justifient, selon leurs auteurs, par un motif simple : les plus riches ne paient pas assez d’impôts, alors que leurs revenus ont explosé ces dernières années.

Mais que disent les chiffres ? Premier élément de réponse, dans le portrait social de la France dévoilé par l’Insee mardi 18 novembre. Un rapport qui confirme l’augmentation continue des revenus des plus riches depuis le début des années 2000, et notamment pour les 0,1% les mieux lotis : «Entre 2003 et 2022, le revenu des plus aisés augmente plus vite que celui des autres foyers», pointe l’institut statistique. Ainsi, en 2022, le revenu annuel moyen de ces 40 700 foyers atteint 1 million d’euros, contre 31 000 euros pour les autres foyers, «soit une croissance annuelle moyenne de 4,7%, contre 2,0% pour les autres foyers fiscaux».

Des revenus qui ont flambé pour les plus riches depuis 2003

Et pour leur contribution en matière d’impôt ? Le taux d’imposition moyen de ces foyers fiscaux à très hauts revenus est tombé de 29,2% en 2003 à 25,7% en 2022. Une trajectoire qui résulte de la diminution de la tranche marginale d’imposition (TMI) la plus élevée, passée de 48,09% en 2006 à 45% en 2012, et de la mise en place de la flat tax à 30% depuis 2018. Mais attention, leur contribution réelle n’a pas baissé, bien au contraire. Elle a simplement augmenté moins rapidement que leurs revenus. «En 2022, les foyers à très hauts revenus contribuent à hauteur de 10,7 milliards d’euros aux recettes d’impôt sur le revenu, soit 13% du total de cet impôt, une part quatre fois supérieure à leur part dans l’ensemble des revenus, soulignent les auteurs de l’étude. En comparaison de 2003, les foyers à très hauts revenus participent en 2022 encore plus fortement à l’impôt sur le revenu que leur poids dans le revenu.» Un constat encore plus criant pour les autres membres du dernier décile (10% les plus riches) : «Les 9,9% des foyers les plus aisés hors foyers à très hauts revenus, contribuent à hauteur de 61% aux recettes fiscales, pour un poids dans les revenus de 31%.»

Les 10% les plus riches paient près des trois quarts de l’impôt sur le revenu

Autant de chiffres confirmés par une note de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) parue ce même mardi. Dans ce document consacré aux recettes d’impôt sur le revenu 2024 consolidées après la déclaration 2025, le fisc corrobore tout d’abord la bonne santé des revenus des plus riches. L’an passé, alors que les revenus des foyers fiscaux ont en moyenne augmenté de 6%, «la progression est nettement plus soutenue pour les foyers les plus aisés : 6,9% pour le dernier dixième (10% les plus riches, NDLR), 12,9% pour le dernier centième (1% des plus hauts revenus, NDLR) et jusqu’à 21,8% pour le dernier millième (0,1%)», souligne la DGFiP.

Concernant l’impôt sur le revenu réglé par ces contribuables aisés, il a également grimpé, respectivement de 7,2% pour les 10% de plus hauts revenus, à 16 395 euros, de 7,2% également pour le 1% le plus riche, à 73 078 euros, et même de 17,1% pour le 0,1% le mieux doté, à 312 098 euros. Des pourcentages à comparer avec l’évolution moyenne du montant total de l’impôt sur le revenu établi par les avis d’imposition des revenus perçus en 2024, qui a progressé de 9,9% sur un an. Et qui sont donc inférieurs à cette moyenne pour les plus hauts revenus, hormis le top 0,1%. Mais ce sont pourtant bien les 10% de foyers aux plus hauts revenus qui contribuent le plus à la hausse des recettes : «Ces foyers acquittent à eux seuls près des trois quarts de l’impôt sur le revenu, et contribuent à 6,2 points de pourcentage des 9,9% de hausse de l’impôt sur le revenu net en 2024», conclut la DGFiP.