La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé a dévoilé, vendredi 20 décembre, une étude sur l'évolution des revenus des médecins libéraux entre 2017 et 2021. Elle montre qu’en 2021, les médecins libéraux ont perçu en moyenne 124 000 euros de revenus d’activité annuels, soit 10 000 euros par mois. Ce montant inclut à la fois les revenus tirés de leur activité libérale et ceux provenant d’une activité salariée pour les 31% d’entre eux exerçant en mode mixte.

Un revenu moyen qui cache de grands écarts

Ces chiffres masquent des disparités importantes selon les spécialités. En haut de l’échelle, les radiothérapeutes atteignent des revenus moyens de 417 500 euros, tandis que les pédiatres ferment la marche avec 88 400 euros. Le secteur de conventionnement constitue également un facteur de disparité. Les médecins exerçant en secteur 2, autorisés à pratiquer des dépassements d’honoraires, affichent un revenu moyen annuel de 149 100 euros, soit 30 % de plus que leurs homologues de secteur 1 (115 100 euros). Toutefois, cet écart varie fortement selon les spécialités. Les chirurgiens, anesthésistes et ophtalmologistes, souvent présents en secteur 2, tirent ainsi parti des dépassements d’honoraires pour augmenter significativement leurs revenus.

De fortes disparités s’observent également entre les hommes et les femmes. Les praticiennes perçoivent en moyenne 90 000 euros annuels, contre 148 000 euros pour leurs homologues masculins. Cet écart peut s’expliquer par plusieurs facteurs : une moindre présence des femmes dans les spécialités les plus rémunératrices comme la chirurgie, une proportion plus importante d’entre elles dans des spécialités moins lucratives comme la pédiatrie, ainsi qu’un temps de travail souvent réduit pour concilier vie professionnelle et personnelle.

Un ralentissement global de la croissance des revenus

Entre 2017 et 2021, les revenus ont progressé de 0,6% par an en euros constants (c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation), bien en deçà des 1,9% observés entre 2014 et 2017. «La pandémie de Covid-19 et la baisse d’activité qui en a découlé, d’une part, et la plus forte inflation (+1,3 % par an, en moyenne, entre 2017 et 2021, contre +0,4 % entre 2014 et 2017), d’autre part, ont sans doute pesé sur l’augmentation du revenu des médecins libéraux, en euros constants, entre 2017 et 2021», d’après l’étude.

Un autre facteur notable est l’augmentation de la part des médecins nouvellement installés (39% en 2021 contre 25% en 2017) et celle des femmes dans la profession (42% en 2021 contre 37% en 2017), deux groupes qui présentent des revenus inférieurs à la moyenne. A titre d’exemple, les médecins installés depuis moins de 10 ans ont vu leurs revenus diminuer de 2,8% par an en euros constants sur cette période, en partie en raison de leur difficulté à atteindre des volumes d’activité élevés.

Là encore, les évolutions diffèrent selon les spécialités. Entre 2017 et 2021, les omnipraticiens aux revenus les plus faibles ont vu leurs revenus augmenter de 13,1% par an en moyenne, tandis que ceux des spécialistes du secteur 2 les mieux payés ont diminué de 1,8% à 3,7% par an. Cette tendance pourrait s’expliquer par des politiques de plafonnement des dépassements d’honoraires et une meilleure valorisation des consultations de base.