4,4%. C’est le taux d’absentéisme pour maladie ordinaire dans les collectivités territoriales de moins de 30 agents, selon l’édition 2025 de l’Observatoire de la performance sociale, présentée à la presse ce mercredi 11 juin. «Un niveau stable», puisqu’il est quasi inchangé depuis 2021, souligne Jean-Philippe Robert, directeur du département collectivités locales chez Diot-Siaci, spécialiste du conseil et du courtage en assurance. Et d’ajouter : «Malgré les idées reçues et un contexte socio-économique difficile, les organisations territoriales tiennent [globalement] bon Mais cette apparente stabilité cache de très fortes disparités. Notamment au sein des plus petites collectivités, celles qui emploient entre un et trois agents, car elles voient leur taux d’absentéisme s’envoler. En un an, il a en effet bondi de 3,3% à 4,2%. Soit une hausse de plus de 27%, ce qui en fait «la plus forte progression enregistrée en matière d’absences pour maladie ordinaire» dans les collectivités, alerte l’étude.

Les secrétaires de mairie, clé de voûte des collectivités

Faut-il y voir les effets d’une charge de travail qui explose et se complexifie ? C’est en tout cas l’hypothèse avancée lors de la présentation par Pierre Souchon, président du cabinet Caracal Stratégies, expert en performance durable et management des risques. Car dans ces micro-collectivités, «il y a très souvent un secrétaire de mairie, qui est aussi la personne qui tient la collectivité», rappelle-t-il. Entre l’accueil des administrés, l’urbanisme ou encore la gestion du budget, les responsabilités de ces secrétaires généraux de mairie ne cessent de se multiplier.

La faute au «désengagement des services de l’Etat dans ces collectivités, qui frappe de plein fouet ces secrétaires de mairie», déplore Pierre Souchon. Préfectures, trésoreries, et autres services publics désertent les zones rurales, transférant toujours plus de missions (comme l’accompagnement administratif ou l’appui juridique) aux communes. Résultat, ce sont les secrétaires de mairie, souvent seuls, qui doivent désormais assumer l’ensemble de ces tâches. En plus de leurs missions habituelles, bien sûr.

«L’effet de ciseau est donc inévitable», assure le directeur du département collectivités locales chez Diot-Siaci. Car cette surcharge de travail crée un cocktail explosif de stress, d’épuisement… et donc d’arrêts de travail. Une situation qui remet en cause l’image historique de la petite collectivité, notamment rurale, qui était «synonyme de bonne ambiance et de sérénité au travail», explique Jean-Philippe Robert. Et la réduction du nombre de fonctionnaires envisagée par le gouvernement pourrait bien aggraver davantage la situation…