Un coup de rabot qui n’était pas passé inaperçu. En réduisant l’indemnisation des arrêts maladie des agents de l’Etat, le gouvernement espère économiser pas moins de 900 millions d’euros. L’annonce, faite en janvier dernier par Laurent Marcangeli, à la tête du ministère de la Fonction publique, avait fait couler beaucoup d’encre. «Cela a généré énormément de mécontentements, comme on aurait pu s’y attendre», a reconnu Jean-Philippe Robert, directeur du département des collectivités du cabinet Diot-Siaci, lors de la présentation de l’Observatoire 2025 de la performance sociale, ce 11 juin.

Car depuis le 1er mars 2025, les règles d’indemnisation ont changé : «Les fonctionnaires et contractuels ne perçoivent plus 100% de leur salaire en cas d’arrêt maladie ordinaire, mais seulement 90% pendant les trois premiers mois d’arrêt», a-t-il rappelé. Une baisse entérinée par l’adoption définitive du projet de loi de finances (PLF) 2025. Objectif affiché ? Aligner les règles du public sur celles du privé, où cette décote est déjà la norme. Même si, en pratique, nombre d’employeurs privés complètent la différence pour éviter toute perte de salaire.

Mais cette remise à niveau n’impactera pas tous les fonctionnaires de la même manière, selon le spécialiste du courtage en assurance Diot-Siaci. Logiquement, ce sont les agents les moins bien payés qui vont d’abord trinquer. «10% de rémunération en moins pour les catégories C, qui représentent 75% des effectifs [de la fonction publique territoriale], ça a un effet très fort», alerte-t-il. Car cette ponction pèse plus lourd sur les plus petits salaires, où chaque euro compte.

Les agents de catégorie C gagnent en moyenne 2 004 euros net par mois

Pour mesurer concrètement les effets de cette nouvelle règle, direction le rapport annuel sur l’état de la fonction publique, publié en novembre dernier. Il fait le point sur les salaires nets mensuels moyens selon le versant (Etat, hospitalier, territorial) et la catégorie d’agents (A, B ou C). Sans surprise, plus on grimpe dans la hiérarchie, plus le salaire augmente. Les agents de catégorie A, qui occupent les postes à plus fortes responsabilités, perçoivent ainsi en moyenne 3 181 euros net par mois. C’est bien au-dessus des agents de catégorie B (2 518 euros), eux-mêmes mieux rémunérés que les agents de catégorie C, les moins bien payés de l’ensemble, avec un salaire moyen de 2 004 euros net par mois.

Et pour les agents de catégorie C travaillant également dans les collectivités territoriales, c’est la double peine. Non seulement ils sont la catégorie d’agent la moins bien payée, mais en plus, ils relèvent du versant le plus chiche. Leur salaire moyen s’élève à seulement 1 965 euros net, contre 2 161 euros pour un agent C de la fonction publique d’Etat, et 2 047 euros dans le milieu hospitalier. Ainsi, si un fonctionnaire exécutif au sein d’une collectivité tombe malade pendant un mois, sa rémunération, grevée de 10%, chutera à 1 768,50 euros. Et il ne pourra pas compter non plus sur la prime Gipa (coup de pouce destiné à préserver le pouvoir d’achat des fonctionnaires face à l’inflation) : «Elle n’a pas été versée en 2024, et il n’est pas prévu de la verser en 2025», avait annoncé Laurent Marcangeli.