“Les déchets d’aujourd’hui sont les ressources de demain”

Clément Baldellou et James Taylor, fondateurs de Capillum

Le projet. Etudiants en master à l'ESC Clermont Business School en 2017, Clément Baldellou et James Taylor sont amenés à plancher sur un projet fictif de création d'entreprise. «Ça nous a donné des idées ! Nous avions toujours eu envie d’entreprendre ensemble, autour de l’économie circulaire.» Leur credo ? «Les déchets d’aujourd’hui sont les ressources de demain.» A la recherche d'une matière non valorisée et inépuisable, ils tombent sur… le cheveu ! «En France, les cheveux représentent 60% des déchets d'un salon de coiffure et 4.000 tonnes de déchets», précise Clément Baldellou.

Une idée au poil : à 27 ans James, papa d’un petit garçon, veut «agir positivement sur l’environnement futur de son enfant», tandis que Clément, 28 ans, rêve de créer une entreprise qui a du sens. Diplômés, les deux compères incubent le projet au sein du SquareLab de l’ESC Clermont, et se mettent au boulot.

Le challenge. D'abord, la logistique. Comment collecter la matière première auprès des quelque 70.000 salons de coiffure et 20.000 coiffeurs à domicile que compte l’Hexagone ? «Nous nous sommes associés avec la Poste et ses filiales logistiques qui roulent en décarboné. Nous travaillons aujourd’hui en direct avec 3.000 salons de coiffure», expliquent les deux compères. Oui mais, que faire de cette montagne de tifs ? «On avait trouvé le déchet adéquat sans savoir ce qu'on allait en faire», sourit Clément Baldellou.

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Les deux associés se plongent dans l'histoire et remettent au goût du jour des utilisations ancestrales du déchet capillaire : «Il y a cinq mille ans, les Mongols les utilisaient déjà pour construire leurs yourtes. Mais jusqu'à présent, ces utilisations anciennes n'avaient jamais fait l'objet d'une industrialisation», expliquent les créateurs. Il faudra deux années de R&D à Capillum, en partenariat avec des universités et des laboratoires, pour fiabiliser ses procédés à un niveau industriel. Protégée par trois brevets, la start-up commercialise des tapis de paillage pour l'agriculture et le jardinage, afin de limiter les dépenses d'arrosage et d’empêcher la pousse des mauvaises herbes.

Elle propose des produits absorbants pour la dépollution des sols et des eaux, utilisés notamment par Octop'us et Project Rescue Ocean, deux ONG françaises luttant pour la préservation des océans. «Le cheveu absorbe jusqu'à huit fois son poids en hydrocarbures», souligne Clément Baldellou. Enfin, la start-up travaille sur un procédé d'extraction de la kératine pour développer des applications biomédicales, notamment des produits de soins pour la peau.

Le financement. La start-up a d’abord été financée par une campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank, puis, grâce à l'originalité de son projet, elle a remporté une dizaine de concours. Forte d'une équipe de dix personnes, elle vient de boucler une première levée de fonds de 1,3 million d’euros auprès du Crédit Agricole et UI Investissement. Le vent en poupe, ses deux dirigeants n'ont plus besoin de se faire des cheveux.

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